Un vibrant hommage a été rendu, hier, par l'association Tagmats de Boghni au moudjahid Ali Zamoum, l'un des artisans du 1er Novembre 1954, à l'occasion du 15e anniversaire de sa mort. Le programme de cet événement a été entamé, mercredi dernier, par un recueillement sur la tombe du défunt au carré des martyrs à Ighil Imoula, suivi par une visite au centre de santé de Hellouane, réalisé de son vivant grâce aux efforts et à l'apport de la même association qu'il a lui-même créée et qu'il présidait de son vivant. Mais la journée la plus importante et la plus marquante de cet hommage a été celle d'hier puisqu'elle a permis à l'assistance d'écouter les précieux témoignages de son épouse et de ses compagnons de lutte sur le parcours révolutionnaire et les qualités humaines de celui qui a été un très proche collaborateur de Krim Belkacem, aux côtés des colonels Ouamrane, Ali Mellah et autres. À l'occasion, Nna Ouiza, sa femme, avec une mémoire intacte, malgré son âge avancé, relatera avec force détails les premiers moments de son engagement dans le mouvement national puis dans la Révolution armée et mettra en valeur son grand altruisme. "Il était orphelin de père et de mère au plus fort de sa tendre enfance, d'où son affection constatée par la suite pour tout démuni ou toute personne qu'il sentira dans le besoin. Il a épousé la cause du mouvement national très jeune en étant très actif dans la sensibilisation et le recrutement de militants dans toute notre région. Il a été l'un des principaux artisans de la déclaration qui proclamera le déclenchement de la Révolution", dira-t-elle. Elle retracera, en outre, avec beaucoup de précisions les circonstances de la rédaction, du tirage et de la diffusion du document fondateur de la lutte armée. Me Hocine Zehouane mettra l'accent, entre autres, sur l'engagement sans faille et le courage exemplaire de celui avec qui il a partagé les geôles de l'occupant français. "Je l'ai connu en prison, alors qu'il était condamné à mort. Il était d'un courage inouï au point que, contrairement à d'autres détenus, il narguait les tortionnaires et les enquêteurs français en reconnaissant son appartenance aux soldats de l'ALN", a-t-il témoigné. Beaucoup d'autres témoignages ont ensuite été apportés par ses compagnons d'armes qui étaient nombreux dans la salle et d'autres de la génération post-indépendance, Saïd Khelil, Saïd Slimani et d'autres, qui ont eu à le côtoyer dans son combat qu'il a prolongé longtemps après l'indépendance. De son côté, l'actuel président de l'association Tagmats, dans son allocution de clôture, rappellera toutes les leçons de simplicité, de grande importance et de portée, reçues par les militants de l'association de la part de leur aîné. "Un homme qui n'a jamais succombé aux chants des sirènes, malgré les nombreuses tentatives d'enrôlement de la part de tous les systèmes successifs après l'indépendance, mais très bien respecté par les gens de sa trempe qui sont restés fidèles au serment de Novembre, dont Lakhdar Bouregâa que nous avons eu l'insigne honneur de recevoir dans un passé récent pour un témoignage. Dda Ali a choisi de rester auprès des humbles, nous allons tenter de perpétuer cet esprit", a-t-il souligné. Pour rappel, le défunt est né le 20 octobre 1933 à Ighil Imoula et il a été arrêté en février 1955 à Ighil Boulkadi, alors qu'il couvrait la retraite de ses compagnons, dont son frère Mohamed Zamoum connu sous son nom de guerre, le colonel Si Salah. Incarcéré en Algérie puis en France, il sera libéré au lendemain de l'indépendance et occupera le poste de préfet de Tizi Ouzou, poste qu'il quittera quelque temps après en refusant de cautionner la nature du système. Il était, par ailleurs, l'auteur des ouvrages intitulés Thamourth Imazighen et Mémoires d'un survivant 1940-1962.