Vingt-sept procès en diffamation en l'espace d'une année, plusieurs condamnations à la prison ferme, 9 procès en appel pour délit de presse, programmés pour la seule journée du 7 septembre 2005, et pour couronner le tout un dossier de pourvoi en cassation “égaré à la Cour suprême” : voilà qui traduit bien la volonté d'un régime déterminé à en finir avec un homme, Mohamed Benchicou, devenu “ennemi public n°1” parce que journaliste. Aveuglés, en effet, par une basse revanche d'appareils, les maîtres du moment viennent de commettre ce qui s'apparente à une forfaiture, celle de faire disparaître le dossier de justice d'un détenu au mépris de la loi qui garantit un traitement égal aux citoyens devant la justice, confirmant par là même que Mohamed Benchicou, enfermé à El-Harrach pour une sombre affaire de “bons de caisse”, est bel et bien un détenu politique poursuivi et condamné pour délit d'opinion. Ce déni de justice commis à l'endroit de Mohamed Benchicou est doublement scandaleux en ce qu'il prive un citoyen de ses droits fondamentaux et compromet gravement la justice, à l'heure où les pouvoirs publics se disent engagés dans la voie des réformes, en particulier celle de l'institution judiciaire. Le Comité Benchicou pour les libertés réaffirme haut et fort sa détermination à continuer à agir pacifiquement en usant de tous les moyens qu'offre le droit, et dans le respect des lois de la République, pour empêcher le règne de l'arbitraire et du non-droit. Le Comité Benchicou pour les libertés continue sans faiblir à réclamer : 1 - qu'il soit mis fin à cette situation de non-droit qui n'a que trop duré et que Mohamed Benchicou soit libéré, mettant en garde contre tout préjudice pouvant affecter l'intégrité physique ou morale du journaliste Mohamed Benchicou et prenant à témoin l'opinion nationale et internationale ; 2 - qu'il soit mis un terme définitif à la répression de la presse et au harcèlement juridico-policier des journalistes. Il appelle : 1 - les pouvoirs publics à s'engager solennellement et par les actes à respecter et promouvoir la liberté de la presse en abolissant les articles liberticides (144 bis) contenus dans le code pénal et en adoptant une loi qui protège la liberté de la presse, en remplacement de l'actuel code de l'information ; 2 - les instances onusiennes concernées ainsi que les ONG de défense des droits humains à exiger de l'Etat algérien qu'il se conforme aux conventions et pactes internationaux ratifiés, relatifs à la liberté d'expression et à la liberté de la presse ; 3 - les partenaires politiques et économiques de l'Etat algérien, en particulier l'Union européenne, à user de toute leur influence pour le respect, par les pouvoirs publics, de la liberté d'expression et la liberté de la presse en Algérie, tel que l'imposent les accords qui fondent leurs relations en matière de politique étrangère et les principes officiellement proclamés par leurs plus hauts dirigeants politiques. Alger, le 6 août 2005