"Nous sommes partie prenante du combat de notre peuple. Tout ce qui concerne l'Algérie nous concerne", a affirmé un manifestant. Plus de monde que d'habitude sur la place de la République, à Paris où a eu lieu hier en milieu d'après-midi, un nouveau rassemblement pour le changement du système politique en Algérie. Le succès des marches qui se sont déroulées vendredi dernier à Alger et dans les autres villes du pays, a donné envie à beaucoup de compatriotes de rejoindre la manifestation. Certains sont venus de loin comme Kader qui vit dans le Nord-Pas-de-Calais. Fils d'immigré, il n'a jamais rompu le lien avec l'Algérie où il a séjourné en juillet. "Ce que j'ai vu cet été m'a redonné espoir en le pays. Les gens veulent en découdre et aller jusqu'au bout de leur combat. Je suis persuadé qu'ils gagneront. Ce n'est qu'une question de temps", dit-il très confiant. En tenant à être présent sur la place de la République, Kader veut que la France et le monde entier sachent que les Algériens ne se résignent pas, malgré la répression. "Personne ne veut se mouiller. Le gouvernement français et les autres attendent de savoir qui gagnera la bataille pour se prononcer. Ni la répression qui s'abat sur les manifestants ni la tentation totalitaire de l'état-major ne les dérangent", s'indigne notre interlocuteur. "À nous de les interpeller directement. Allons manifester devant l'ONU, la Commission européenne, leurs ministères des Affaires étrangères. Ecrivons leur des lettres. Il est temps de passer à l'action !", a, pour sa part, proposé une vieille dame qui a également fait un long trajet pour participer au rassemblement. Invitée à prendre la parole dans l'agora organisée par le collectif Libérons l'Algérie, elle s'est longuement attaquée au chef d'état-major. "Réservez vos discours aux militaires, dans les casernes. Le peuple n'a pas à recevoir d'ordres de vous", a-t-elle declaré. Critiquant ensuite les soutiens de l'armée, l'oratrice les a décrits comme des opportunistes denués de moralité. "Ils nous traitent de ‘zouaffas' (vendus) et de traîtres et ils s'attribuent une gloire qu'ils n'ont pas. Les novembristes sont tous les Algériens qui se battent aujourd'hui pour la démocratie. Pas eux", a ajouté la vieille dame qui est venue parée des emblèmes algérien et amazigh. Beaucoup d'autres drapeaux ont été déployés sur la place de la République. Des portraits de certains détenus d'opinion, comme le moudjahid Lakhdar Bouregâa ont été également portés par les manifestants. "Nous sommes partie prenante du combat de notre peuple. Tout ce qui concerne l'Algérie nous concerne", a tenu à préciser un autre expatrié qui s'est emparé, à son tour, du micro. Très remonté contre le pouvoir, il a évoqué sa situation personnelle, indiquant qu'il a quitté l'Algérie pour échapper à la prison. "On m'a condamné pour avoir dénoncé la corruption. Mon exil comme celui de milliers de compatriotes, est forcé. Le régime, pour perdurer, a vidé le pays de tous ses cadres intègres et compétents", a affirmé le tribun, estimant que la diaspora doit rester mobilisée pour contribuer à libérer le pays de "la bande". Le même message est contenu dans l'appel au rassemblement du collectif Libérons l'Algérie. "Nous avons pour devoir de maintenir le cap de la mobilisation pacifique pour le triomphe de la démocratie. Il est nécessaire de rester fidèles, mobilisés et unis autour des revendications légitimes du peuple algérien, et d'œuvrer avec toutes les forces vives du pays pour imposer pacifiquement aux tenants du régime une transition démocratique", souligne un communiqué diffusé ces derniers jours.