Les présidents russe et ukrainien ont estimé que cet échange de prisonniers d'envergure pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère entre les deux pays. La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite, pour sa part, très optimiste et a appelé à mettre en œuvre les accords de Minsk. L'Ukraine et la Russie ont effectué hier un échange historique de prisonniers impliquant soixante-dix personnes en tout. Une source gouvernementale ukrainienne a affirmé à des médias que cet échange a concerné 35 prisonniers de chaque pays. Plusieurs détenus d'envergure ont fait partie de l'échange, dont le cinéaste et militant politique Oleg Sentsov, pour lequel la communauté internationale s'est fortement mobilisée. De l'avis de plusieurs observateurs, cet évènement pourrait marquer un premier rapprochement entre les deux pays, après cinq ans de conflit ayant causé plus de 13 000 morts. L'avion transportant les Ukrainiens a atterri hier en milieu de journée à l'aéroport principal de Kiev où des dizaines de proches et le président Volodymyr Zelensky les ont accueillis sur le tarmac. "Nous avons fait le premier pas (...) Nous devons faire tous les autres pas pour mettre fin à cette horrible guerre", a déclaré le président ukrainien à l'aéroport Boryspil de Kiev. La télévision d'Etat russe a montré de son côté les détenus russes descendant de l'avion à l'aéroport Vnoukovo de Moscou. Le plus célèbre parmi les prisonniers échangés, Oleg Sentsov, 43 ans, avait été arrêté en 2014 en Crimée après avoir protesté contre l'annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne. Il a ensuite été condamné à 20 ans dans un camp de la région arctique russe pour préparation d'"attaques terroristes". En échange, l'Ukraine a notamment relâché Volodymyr Tsemakh, 58 ans, un ex-chef militaire des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine et témoin clé dans le crash du vol MH17. L'Ukraine a également remis aux Russes Kyrylo Vyshynsky, 52 ans, un journaliste russo-ukrainien de l'agence russe Ria Novosti, arrêté en 2018 à Kiev et inculpé pour "haute trahison" au profit de Moscou. Pour le président russe Vladimir Poutine, il s'agit d'"un grand pas vers la normalisation des relations" entre les deux pays. Parmi les autres prisonniers figurent 24 marins ukrainiens dont la Russie a capturé les navires au large de la Crimée en novembre 2018 au cours du plus grave affrontement direct entre les deux pays depuis des années. Réagissant à cet événement, l'Allemagne s'est dite optimiste de voir la paix s'installer entre les deux pays. La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié hier de "signe d'espoir" cet échange historique, appelant à poursuivre le travail pour "mettre en œuvre les accords de Minsk". "Cela vaut la peine de continuer à travailler dur pour mettre en œuvre les accords de Minsk. Le gouvernement fédéral allemand est prêt à le faire", a-t-elle affirmé dans un communiqué diffusé sur twitter par son porte-parole Steffen Seibert. Il s'agit du premier échange de prisonniers de cette envergure entre l'Ukraine et la Russie depuis le début du conflit dans l'est de l'Ukraine en 2014. L'arrivée au pouvoir à Kiev de M. Zelensky, en poste depuis mai, a facilité quelque peu les relations entre Kiev et Moscou. Un sommet de paix dit de "format de Normandie" et réunissant les chefs d'Etat ukrainien, russe, allemand et français, devrait être organisé ce mois, pour la première fois depuis octobre 2015.