Les Etats-Unis refusent de faire la moindre concession concernant leurs sanctions contre l'Iran. Cela ne fait qu'attiser les tensions entre les deux pays et augmenter le risque d'une escalade au Moyen-Orient et dans le Golfe. L'Iran a repris hier son activité nucléaire en application de son plan de désengagement de l'accord conclu à Vienne en 2015, après le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 et le rétablissement par Donald Trump des sanctions commerciales contre Téhéran. Des centrifugeuses avancées, devant augmenter le stock de l'uranium enrichi, ont été mises en route, a annoncé Téhéran qui affirme toutefois que la porte reste ouverte aux experts de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique). "Pour le moment, nous n'avons pas l'intention d'empêcher l'accès des inspecteurs de l'AIEA aux sites et aux activités nucléaires iraniens", a déclaré le porte-parole de l'OIEA (agence iranienne de l'énergie atomique), Behrouz Kamalvandi, cité par l'agence de presse officielle Irna. "L'injection de gaz UF6 dans une cascade de 20 centrifugeuses de la génération IR6 avait commencé", a-t-il expliqué, précisant que "cela devait être réalisé dans la onzième année suivant la signature du PGAC (accord de Vienne), mais comme les autres parties ont failli à leurs obligations, nous l'avons commencé hier", lit-on encore sur le site de l'agence Irna. "Si les autres parties signataires remplissent leurs obligations, nous allons également respecter nos engagements. Plus nous avancerons, plus la situation s'aggravera", a-t-il indiqué, ajoutant que "les parties européennes doivent savoir qu'il ne reste plus beaucoup de temps et qu'elles doivent agir si elles le souhaitent". M. Kamalvandi a expliqué, lors d'un point de presse détaillant les mesures de cette troisième phase du désengagement de son pays de l'accord sur le nucléaire, que "l'Iran a un potentiel d'augmenter ses capacités et ses niveaux d'enrichissement, non seulement à 20% mais bien au-delà de 20%". Le président iranien Hassan Rohani avait lancé mercredi la nouvelle phase de ce plan en ordonnant de faire sauter toute limite à la recherche et au développement dans le domaine nucléaire. Conclu en 2015 entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne), l'accord de Vienne avait permis la levée d'une partie des sanctions visant Téhéran en échange de l'engagement iranien de ne pas se doter de l'arme nucléaire. En réponse au retrait américain en 2018 et à l'incapacité des Européens de l'aider à contourner les sanctions, Téhéran a arrêté en juillet de respecter certains de ses engagements pris aux termes de l'accord. Jeudi, l'UE avait appelé Téhéran à "faire machine arrière" sur son plan de nouvelle réduction de ses engagements. Emmenés par la France, les trois pays européens parties à l'accord redoublent d'efforts diplomatiques pour sauver ce texte d'une désintégration complète et désamorcer la tension entre Iran et Etats-Unis, qui a failli tourner à l'affrontement militaire en juin et reste très forte. Mais le projet, discuté ces derniers jours d'une ligne de crédit de 13,5 milliards d'euros qui serait accordée à l'Iran pour permettre son retour à une pleine application de l'accord, bute sur le refus de Washington d'alléger les sanctions.