Ils étaient des milliers à prendre part à la 29e marche hebdomadaire de la communauté universitaire de Béjaïa. En effet, les enseignants et ATS de l'université de Béjaïa ont été rejoints par des milliers de personnes, des acteurs politiques et sociaux et de simples citoyens dont beaucoup de retraités. Les femmes n'étaient pas en reste dans cette nouvelle mobilisation des universitaires, qui se déroule, en l'absence de nombreux étudiants, qui n'ont pas encore repris les cours. Au point qu'Amirouche, un ancien syndicaliste et militant du PAGS, a ironisé en parlant d'un vendredi bis et de "mardredi". Il est vrai que l'on a pu observer ces deux dernières semaines que le hirak s'est considérablement renforcé au point de drainer autant de monde qu'un vendredi, et ce, avant même le retour effectif des étudiants. Les manifestants, auxquels se sont joints beaucoup de séniors, ont réaffirmé leur engagement à demeurer au côté du peuple pour l'instauration d'un véritable Etat de droit. Ils disent non à l'élection présidentielle. "Pas de vote avec la mafia", a écrit sur une pancarte un marcheur. Les manifestants, qui ont déployé les emblèmes national et amazigh, ont scandé par ailleurs "Pas de vote avec la 3issaba" (Pas de vote avec la bande maffieuse) et se sont littéralement déchaînés contre le chef d'état-major et le commandement militaire, qui demeurent, selon eux, sourds aux revendications populaires : "Les généraux à la poubelle, wal djazaïr tatleb istiqlal. Chaâb yourid el istiqlal" (Et l'Algérie réclame l'indépendance. Le peuple veut l'indépendance) ; "La Bedoui la Bensalah. El Gaïd machi salah. Gaâ machi salhine. Yetnahaw gaâ" (Ni Bedoui ni Bensalah. Gaïd Salah n'est pas à la hauteur. Ils doivent tous partir) ; "Ya men âch, ya men âch, El Gaïd Salah fi El-Harrach" (Quand verra-t-on Gaïd-Salah à El-Harrach). Les marcheurs, qui ont manifesté avec des banderoles et des photos des chefs de la Révolution algérienne (Abane, Boudiaf, Khider et Ben M'hidi), ont réclamé, tout au long de l'itinéraire, long de plusieurs kilomètres, la libération du moudjahid Lakhdar Bouregâa, mais aussi de tous les manifestants arrêtés pour port de l'emblème amazigh ou pour délit d'opinion. Organisés en plusieurs carrés, les protestataires ont scandé : "Ikhwani, ikhwani, la tensew chouhada. Libérez, libérez Bouregâa. Had, tenine" (Mes frères, mes frères, n'oubliez jamais les martyrs de la Révolution. Libérez Bouregâa. Un, deux).