Un rassemblement en soutien à Karim Tabbou et à tous les détenus d'opinion a été organisé, jeudi, en fin d'après-midi, par le collectif Libérons l'Algérie, devant le siège de l'ambassade d'Algérie à Paris. Plusieurs dizaines de compatriotes ont pris part à la manifestation malgré son interdiction par la préfecture de police de Paris. Ils ont tenu à être présents pour dénoncer la montée de la répression contre les opposants politiques et les militants pour le changement en Algérie. "Après les porteurs de drapeau amazigh, ils s'attaquent aux personnalités inspirantes de la jeunesse. Le régime veut forcer le peuple au silence en lui faisant peur. Mais les Algériens ne se laisseront pas faire. C'est l'arbitraire qui forge la détermination des hommes", souligne Kamel, cadre d'entreprise. Un de ses amis pense que le régime, étant aux abois, joue la provocation pour semer le désordre et légitimer par la suite, ses coups de force institutionnels. "Ils s'attendent à voir les gens réagir avec violence à l'arrestation de Tabbou et d'autres personnes sur la liste, pour ramener les chars, décréter l'état d'urgence et renvoyer tous les Algériens chez eux. Mais ils se trompent. Les manifestations sont et resteront pacifiques", explique notre interlocuteur. Au micro, des manifestants ont, tour à tour, demandé aux marcheurs, en Algérie, de garder leur calme. "La silmya est notre slogan", rappelle Saïd Ahmine du collectif Libérons l'Algérie. Dénonçant tous les moyens de manipulation utilisés par le pouvoir pour saboter le mouvement populaire (infiltration des marches, instrumentalisation du régionalisme, propagande dans les médias publics et sur les réseaux sociaux), le tribun estime que les Algériens ont su déjouer tous les pièges avec courage et maturité. D'autres manifestants ont tenu à mettre à l'honneur l'esprit de solidarité qui anime le hirak. Le collectif Libérons l'Algérie a fait savoir à cet égard qu'une association dénommée Hassiba-Ben Bouali a été créée à Alger, afin de recueillir des fonds au profit des détenus d'opinion et de leurs familles. Un autre rassemblement en solidarité avec les détenus d'opinion se tiendra aujourd'hui, également devant l'ambassade d'Algérie. Il sera animé par la section parisienne du Réseau contre la répression, créé à Alger, en juin dernier. Il est attendu aussi que de très nombreux Algériens de la région parisienne rejoignent, demain dimanche à 14 heures, le rassemblement hebdomadaire de la diaspora sur la place de la République. "Il est de notre devoir de continuer à être la voix de nos compatriotes, à l'étranger. Nous devons dire non à la dictature qui est en train de se mettre en place dans notre pays", a martelé un des animateurs du collectif Libérons l'Algérie, en assurant que "ceux qui ont envoyé des chiens pour poignarder l'avocat Salah Dabouz à Ghardaïa et kidnapper Karim Tabbou, vont payer un jour".