La 38e réunion du Comité de suivi de l'Accord d'Alger (CSA) au Mali, devant se tenir à Kidal, capitale du nord du pays, a été annulée, provoquant l'ire de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) qui dénonce "la décision unilatérale de la partie gouvernementale". Dans un communiqué rendu public dans la nuit de lundi à hier, la CMA "dénonce la décision unilatérale de la partie gouvernementale d'annuler la tenue du CSA à Kidal". Dans un contexte marqué par la dégradation de la situation sécuritaire, sur fond de persistance des problèmes socioéconomiques dans le nord du Mali, la CMA estime qu'une halte pour évaluer la mise en œuvre de cet accord est nécessaire. La CMA "demande une réunion urgente et avant toute autre étape avec la communauté internationale et les autres parties dans un lieu neutre pour clarifier l'ensemble des questions pendantes, notamment la ‘raison d'Etat impérative' qui a motivé l'annulation de la 38e session du CSA, afin de procéder à une évaluation transparente de la situation actuelle et de la gouvernance de l'accord", lit-on encore dans le communiqué en question. Les autorités nient tout lien avec les récentes déclarations du président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui s'est ouvertement attaqué aux anciens rebelles, signataires de l'accord de paix en évoquant le statut de Kidal. "Le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et en plus, nous constatons, avec beaucoup de regrets, qu'il y a des mouvements signataires des accords de paix d'Alger qui ont une position ambiguë et qu'il y a des mouvements signataires des accords de paix d'Alger qui sont de connivence avec les terroristes. Nous ne pouvons plus l'admettre", a-t-il affirmé sur les ondes de RFI. Mais pour Bamako, l'annulation de cette réunion obéit à des raisons internes, sans plus de détails. "Il ne faut pas faire croire qu'à Kidal la situation est normalisée", explique toutefois une source gouvernementale à RFI, ajoutant que "même s'ils sont réels, les efforts n'ont pas encore produit tous leurs effets". Mais dans tous les cas de figure, l'annulation de cette réunion du CSA à Kidal et la décision de sa tenue à Bamako avant la fin de semaine est un coup dur pour le processus de paix et de réconciliation qui peine à être mis en œuvre de façon concrète. Lyès Menacer