Déstabilisé par la multiplication des appels à sa destitution, le président égyptien pourrait annuler son déplacement à New York, où il devrait participer à la 74e Assemblée générale de l'ONU. Une campagne exigeant le départ du président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a démarré sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, bousculant le nouveau régime du Caire qui craint un mouvement de contestation semblable à celui qui a provoqué la chute de l'ancien chef d'Etat, Hosni Moubarak, le 11 février 2011. Des appels ont en effet été lancés sur les réseaux sociaux pour manifester hier à travers toute l'Egypte, après la diffusion récemment d'une vidéo par l'entrepreneur et artiste Muhammad Ali, appelant le ministre égyptien de la Défense à agir contre M. al-Sissi. "Sissi dehors", "Basta Sissi", "Vendredi de colère", "Nous descendrons le vendredi", "Le départ ou la descente dans la rue" sont autant de campagnes lancées le réseau social twitter. Hier, des dizaines de personnes ont investi la rue dans le gouvernorat de Béni Suef (environ 150 km au sud du Caire), a-t-on constaté dans une vidéo diffusée sur twitter par des manifestants scandant : "Je le dis sans avoir peur, je dis à Sissi de partir." De nombreux Egyptiens ont remplacé leurs photos de profil sur les réseaux sociaux avec un carton rouge, en signe de contestation ou de soutien aux appels à reprendre la lutte sur le terrain, a-t-on encore constaté sur twitter ou facebook. Au Caire, pour la première fois depuis 2013, année à laquelle al-Sissi a pris le pouvoir, l'emblématique place al-Tahrir a été désertée par les forces de sécurité qui ont retiré leurs véhicules policiers et militaires, laissant les Egyptiens interloqués, peut-on voir dans les photos et les vidéos diffusées hier tout au long de la journée. De la situation économique à l'emprisonnement des militants, aux violations collectives des droits de l'homme en Egypte, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, les Egyptiens ont dénoncé le règne de l'ancien maréchal, devenu président après le putsch qu'il a mené en juin 2012 contre le défunt président démocratiquement élu, Mohamed Morsi, mort en plein procès le 17 juin dernier. Massaed Abou Fajr, un militant de la société civile, a ouvertement accusé al-Sissi de "raser des villages entiers dans le Sinaï et de creuser des tombes collectives" pour les résidents de cette région frontalière avec l'enclave palestinienne Gaza et Israël. Ouaïl Ghanim, militant politique, a dénoncé lui aussi l'arrestation arbitraire de son frère par les services secrets égyptiens pour avoir critiqué le président al-Sissi sur les réseaux sociaux. Déstabilisé par la multiplication des appels à sa destitution, le président égyptien pourrait annuler son déplacement à New York, où il devrait participer à la 74e Assemblée générale de l'ONU, selon des sources concordantes, ont rapporté certains médias. Depuis sa prise de pouvoir, le président égyptien a mené une campagne de répression contre les opposants, qu'ils soient de l'organisation interdite des Frères musulmans, communistes, laïcs, etc., et s'est aussi attaqué à la presse indépendante, aux organisations de la société civile et aux militants des droits de l'homme. Il est régulièrement épinglé par les ONG internationales, dont les appels aux alliés occidentaux du régime militaire égyptien sont restés lettre morte.