En ce mois d'août, où la canicule bat son plein et où les 3/4 de l'Algérie sont en vacances, les 400 travailleurs de la SPA Simas (mécanique lourde et chaudronnerie sous pression) en voie de liquidation n'en peuvent plus d'attendre. Après 5 mois sans salaire et une lutte acharnée pour protéger contre vents et marées leur outil de production, certains sont quasiment au bout du rouleau. Les tentatives de suicide, les pics de tension artérielle et l'apparition brutale du diabète chez certains de ces travailleurs sont autant de signes du drame social et humain qui est en train de les miner, eux et leur famille. Ils étaient d'ailleurs, fin juillet, un peu plus de 200 à être volontaires pour entamer une grève de la faim si aucune solution n'était apportée pour le paiement de leurs indemnités, suite à la liquidation de leur entreprise. Un début de solution est venu le 27 juillet du SGP Costrumet qui, dans un courrier, s'est adressé aux travailleurs, les félicitant au passage pour “le sens aigu de vos responsabilités, pour avoir protégé et préservé l'outil de production… et votre digne comportement…” (!) et de les assurer de trouver des solutions au plus tôt. Ainsi, le liquidateur a été instruit pour que, dans un premier temps, les arriérés de 5 mois de salaire soient versés aux travailleurs puis les indemnités, courant août. Trois solutions envisagées pour cela : un emprunt auprès d'une banque ou de la Caisse de chômage ou encore une libération des parts sociales des actionnaires. Pour cette dernière solution, les actionnaires, KPS (Canada), ENCC ont été saisis pour qu'ils déposent leur avis, le 3e actionnaire qui détenait 11%, Mecanica de La Pena, elle-même dissoute, est une entrave juridique supplémentaire dans le dossier de la liquidation de Simas. Mais, nous dit-on, le liquidateur a réparti ces actions au prorata des autres associés. Pour nos interlocuteurs du collectif des travailleurs, rien n'est encore acquis ; quant au paiement des indemnités, le doute persiste chez les 400 travailleurs après 5 mois de mépris et d'abandon de la part des responsables. Car, ils tiennent à nous le rappeler, c'est leur engagement et leur mobilisation qui ont poussé le sgp et les pouvoirs publics à se manifester. Dans ce combat pour obtenir leur droit, les travailleurs livrent en même temps un autre combat : tenter de sauver le patrimoine de l'entreprise et ne pas perdre le savoir-faire acquis depuis les années 80. En ce sens, les représentants des travailleurs et du comité de vigilance ont convaincu le SGP Construmet de trouver une solution pour sauver tout ce capital. D'ailleurs, un expert de l'UGP (Union de gestion des programmes) a été mandaté par les responsables du SGP pour établir un diagnostic de l'état de l'usine. L'objectif étant de trouver un repreneur : “Ce n'est pas habituel comme démarche… Même si notre première préoccupation est le paiement des indemnités et les arriérés de salaires, notre seconde préoccupation est de ne pas laisser disparaître le patrimoine de l'entreprise et notre savoir-faire appréciable dans le domaine de la sous-pression”, nous explique un des cadres de Simas engagé auprès des travailleurs, et de poursuivre : “Ce sont les dirigeants qui nous ont mis dans cette situation, et pour notre part pourquoi pas une mise en vente de la société ou une mise en location mais à condition qu'il y ait dans la reprise un transfert de technologie ; nous avons un bureau d'études de valeur qu'il ne faut pas perdre… Une reprise qui ne soit pas une simple utilisation de nos équipements comme ateliers de montage, et c'est tout.” Connaissant mieux que quiconque la valeur réelle du patrimoine de Simas, nos interlocuteurs veulent croire à une solution donc intermédiaire à la vente aux enchères, avec comme pari fou la préservation du maximum des emplois. Par ailleurs, nous avons appris, dans cette optique, que deux sociétés françaises seraient intéressées d'autant plus que l'une d'entre elles est spécialisée dans la construction de camions-citernes de GPL, et voit donc en Simas un outil important dans sa pénétration du marché du Sud algérien, y compris de l'Afrique noire. Affaire à suivre donc… F. Boumediene