Des centaines de licenciements abusifs, plus d'un millier d'arriérés de salaires impayés depuis plusieurs mois, travail au noir banalisé… Bref, la précarité semble affecter de larges pans du monde du travail à Oran qui célébrait, hier, sa “fête du travail”. En cette journée bien ensoleillée d'hier, le sentiment de “mécontentement”, est exprimé par la quasi-majorité des travailleurs rencontrés au siège de l'Union local de l'Ugta. À en croire les syndicalistes,“ils seraient, en effet, 1 600 salariés à n'avoir pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois”. “La précarité est tellement criante au sein des travailleurs qu'il faille apporter des réponses tout aussi nécessaires qu'urgentes pour alléger un tant soit peu la difficulté qui affecte le monde du travail”, renchérit Cherif Saïd, secrétaire en charge de l'organique de l'Union de wilaya Ugta. En attendant la tripartite prévue en septembre prochain et qui devra traiter des dossiers sensibles, telles la privatisation et la revalorisation des salaires, les travailleurs ont vécu, hier, une journée caractérisée par “un fort sentiment d'amertume” généré par leur situation jugée “précaire”. Ils sont ainsi plus d'un millier à revendiquer, depuis plusieurs mois déjà, leurs arriérés de salaires. C'est le cas, par exemple, des 450 travailleurs de Simas de Hassi Ameur, spécialisée dans la chaudronnerie entreprise issue d'une joint-venture avec un partenaire canadien et qui se retrouve en situation de liquidation depuis le 28 mars 2005. Sont aussi dans lamême situation pour le moins difficile, les 160 salariés de l'Enaditex (textile) et les 43 employés de l'Edipal et qui attendent, pour leur part, respectivement depuis trois et onze mois. Il en est de même pour les 244 salariés d'Eriad, sans salaires depuis un trimestre, et pour les 454 autres à Goprom, qui eux, attendent depuis deux longs mois. Même situation précaire pour les 22 travailleurs de Socop qui fabrique le plastique et pour les 177 salariés de Hydro-urbain, sans salaires depuis un trimestre. Ils sont encore 80 à l'Enapem d'Es Sénia (électroménager) à attendre désespérément depuis près d'une année. Même les handicapés de l'Epih, qui fabrique les balais, n'y ont pas échappé : ils sont 90 à vivre dans la même précarité depuis un semestre. C'est le cas également des travailleurs du Complexe laitier d'Oran (CLO) qui n'ont pas perçu leur dû depuis un trimestre, des 135 travailleurs de la Régie communale des transports urbains (Rctuo) qui attendent leur solde depuis près d'une année et des 74 travailleurs de l'Office des sports qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis 35 mois. Autre souci exprimé par les syndicalistes hier : “L'ombre des licenciements abusifs a plané, hier, puisqu'ils sont, à en croire l'Ugta, 200 à être abusivement licenciés. Ces derniers, en dépit du fait qu'ils ont été réhabilités par des décisions de justice, ils n'ont pas pour autant réintégré leurs postes de travail.” Autres griefs lancés par les syndicalistes à l'égard des pouvoirs publics : leur non-concertation préalable pour prendre de lourdes décisions qui se répercutent sur le front social. Un cas récent est cité en boucle : les 14 000 retraités affiliés à la Fédération nationale des retraités (Fntr) se sont récemment élevés contre l'arrêté interministériel qui a instauré un tarif de référence pour le remboursement du médicament. Un tarif qualifié de “précarisant”. Enfin, les syndicalistes accusent certaines entreprises qui se sont installées à Oran de pratiquer la discrimination à l'embauche “en tournant le dos à la main-d'œuvre locale et en tendant le bras à une main-d'œuvre étrangère”. Bref, en un mot : les travailleurs reprochent aux patrons de “ne pas respecter souvent la législation relative au droit du travail, notamment dans son volet relatif à la couverture sociale”. A. T.