Si la difficulté sera particulièrement éprouvée par les candidats à la candidature dits indépendants ou qui y postulent à titre de chapelles partisanes de peu d'envergure et d'ancrage, elle n'épargnera pas, sans nul doute, les personnalités qui, en d'autres temps, auraient prétendu au sésame plus ou moins aisément. Une semaine après la convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle fixée au 12 décembre prochain, pas moins de trente-neuf candidats à la candidature se sont présentés à l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) pour retirer les formulaires de souscription. D'ici à la clôture de l'opération, le nombre de postulants va certainement augmenter. Mais, évidemment, ils ne seront pas tous bons pour la course. Rares seront ceux qui satisferont aux minima, à savoir la récolte de pas moins de 50 000 signatures d'électeurs, pour espérer être dans le sprint final pour la magistrature suprême. L'écueil sera d'autant plus difficile à surmonter qu'il survient dans un contexte politique très tendu, caractérisé notamment par une mobilisation populaire exceptionnelle — elle vient de boucler ses 7 mois — qui réclame un changement de système en privilégiant la solution politique et qui, donc, rejette l'élection présidentielle. Un rejet qui fait de la récolte des souscriptions, une tâche déjà ardue d'ordinaire, une mission compliquée. Si la difficulté sera particulièrement éprouvée par les candidats à la candidature dits indépendants ou qui y postulent à titre de chapelles partisanes de peu d'envergure et d'ancrage, elle n'épargnera pas, sans nul doute, les personnalités qui, en d'autres temps, auraient prétendu au sésame plus ou moins aisément. D'ailleurs, la grande inconnue à ce stade du processus électoral est celle de savoir qui, parmi les personnalités jouissant d'une notoriété, oserait s'inscrire en compétition, sachant pertinemment que c'est une aventure fort risquée que de le faire. Cela est d'autant plus vrai que des millions d'Algériens continuent de manifester chaque vendredi dans toutes les villes du pays contre toute solution à la crise qui associe les figures de l'ancien système. Une situation révolutionnaire qui fait que de grandes incertitudes entourent l'échéance électorale. En effet, quand bien même des candidats à la présidentielle viendraient à passer l'écueil des signatures, ce qui n'est pas évident du tout, ces derniers auront peine à animer leurs campagnes électorales. Car, sans nul doute, les électeurs ne seront pas au rendez-vous. Au regard de la forte mobilisation du hirak, il faudrait s'attendre à une élection présidentielle sans campagne électorale. Aussi, il est intéressant de voir comment les partis qui s'échauffent pour la compétition appréhendent cette éventualité. Ce sera le cas notamment des chefs de parti comme Ali Benflis, président de Talaie El-Houriat, Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbal, et Abdelkader Bengrina, président du mouvement islamiste El-Bina. Ces derniers montrent un certain enthousiasme à être du rendez-vous, y compris dans ce contexte inadéquat pour une joute électorale crédible. Cependant iront-ils jusqu'à traduire cette disposition par un engagement résolu ? Cela n'est pas à écarter. D'ailleurs, on ne les entend plus émettre quelque réclamation ni poser des préalables à leur participation qui auraient pu les montrer dans des postures hésitantes. Du moins jusqu'ici.