De la France à l'Allemagne, en passant par l'Espagne et l'Italie, des pays où les voitures d'occasion sont le mieux entretenues, les garagistes aiguisent leurs armes pour exporter leurs produits qui risquent de mal finir dans la casse. La disposition incluse dans le projet de la loi de finances 2020 (PLF-2020) relative au retour des importations des véhicules de moins de trois ans d'âge n'est pas sans provoquer un quelconque intérêt chez les maisons-mères qui doivent engranger des gains colossaux et revoir à la hausse leurs prévisions de production, mais surtout les garagistes qui aiguisent d'ores et déjà leurs armes pour exporter leurs produits qui risquent de mal finir dans la casse. Notamment en France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie où les voitures d'occasion sont le mieux cotés et entretenues conformément aux lois qui régissent le contrôle technique des véhicules et la protection de l'environnement. Cela est valable également chez les réseaux dormants des grandes villes de l'Europe qui, avant 2005 (date d'interdiction d'importer les voitures de moins de 3 ans) avaient pignon sur rue pour proposer, vendre et exporter vers l'Algérie toutes les marques de voitures à des prix défiant toute concurrence. À moins que le gouvernement algérien ne change les règles pour imposer un contrôle rigoureux au niveau des ports, cette mesure risque de buter sur un trafic de grande envergure. On se rappelle, durant les années 2002-2005, l'Algérie importait une moyenne annuelle de 30 000 unités/an, dont la grande majorité était gonflée dans leur millésime, c'est-à-dire l'année de mise en circulation avancée de façon à s'adapter à la loi. Il faut savoir qu'aujourd'hui les conditions d'importation par des particuliers des véhicules de moins de trois années d'âge intéressent la grande majorité des Algériens. Et si cette mesure permettrait au citoyen d'acheter des véhicules moins chers que ceux montés localement, il faudra, au moins, que l'âge du véhicule soit de moins de 5 ans, voire plus quand on connaît la valeur des devises sur le marché parallèle. Pour le moment, le ministre du Commerce, Saïd Djellab, signale que sous certaines conditions, les véhicules d'occasion ne sont pas interdits à l'importation partout dans le monde et qu'il fallait poser la question du coût des véhicules montés en Algérie. Pour lui, en autorisant l'importation d'automobiles ayant déjà roulé, l'Algérie crée un marché concurrentiel, laissant le choix aux citoyens, soit d'en acquérir un qui a déjà roulé, soit de faire l'acquisition d'un véhicule neuf monté localement. Il précisera qu'"il n'est pas question d'importer n'importe quoi. Les voitures importées doivent, en plus de présenter les conditions de sécurité maximum, rouler à l'essence et être adaptables au GPL". Pour le représentant d'une association de protection des droits des consommateurs, Hassan Menouar, l'ouverture du marché de l'automobile d'occasion n'apportera rien à l'économie nationale. Pour lui, si l'Etat est parti sur des investissements de l'industrie de montage de véhicules, "il faut qu'il continue sur cette voie et non pas qu'il fasse marche arrière et pénalise ainsi les investisseurs". Selon lui, l'accès à un véhicule d'occasion de moins de trois ans n'est pas rentable sachant, déclare-t-il, qu'il ne coûtera pas moins de 10 000 euros et qu'outre son prix d'achat, il nécessitera le paiement de frais pour son transport, mais aussi les taxes douanières.