La guerre des quotas pour l'année 2017 a déjà commencé entre les concessionnaires. Pour le moment, rares sont les importateurs qui sont certains de bénéficier d'un agrément en janvier prochain, date limite pour lancer une activité industrielle. La sortie, lundi dernier au Forum économique d'El Moudjahid, du ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a provoqué une onde de choc chez les concessionnaires automobiles. Son annonce relative à la levée d'interdiction de l'importation des véhicules d'occasion a relancé la problématique des quotas de véhicules neufs à importer pour l'année 2017. En effet, alors que le lobbying fait ravage dans les coulisses des ministères du Commerce et de l'Industrie, notamment pour influer sur l'augmentation des quotas pour ceux qui développent déjà ou ceux qui développeront, à partir du 1er janvier 2017, date fixée pour lancer une activité industrielle ou semi-industrielle, des représentants de marques automobiles crient au scandale et dénoncent ce qui s'apparente à "un marché parallèle". Contactés par nos soins, des opérateurs dans le secteur de l'automobile estiment qu'"il n'est pas normal que les concessionnaires ne connaissent même pas leurs quotas pour faire face aux prévisions du marché. Les licences d'importation pour l'année 2016 vont expirer le 8 novembre prochain et les nouvelles licences ne seront attribuées qu'à partir de la première semaine du mois de janvier 2017. Rares sont les concessionnaires qui ont vu leurs projets validés par le ministère de l'Industrie pour prétendre au renouvellement de l'agrément et une licence d'importation. Cela relève de l'asphyxie. Qu'on nous le dise clairement, on ferme nos boutiques et on enterre définitivement ce secteur, avec tout le contentieux qui suivra pour les centaines de personnes à licencier. Nous n'avons aucune visibilité. Soit on négocie nos quotas conformément au contingent arrêté et qui est de l'ordre de 90 000 véhicules/an, soit on discute ces mêmes quotas sur une nouvelle base avec le retour du véhicule d'occasion". Pour le moment, rares sont les importateurs qui sont certains de bénéficier d'un agrément en janvier prochain, date limite pour lancer une activité industrielle. À cette incertitude vient se greffer le quota de l'occasion qui sera fixé dès le premier semestre de l'année 2017, c'est-à-dire après la promulgation du cahier des charges. Quel prix pour le véhicule de moins de 3 ans ? Venu bousculer un ordre établi, jusqu'ici défendu par les concessionnaires algériens, le véhicule d'occasion sera, lui aussi, assujetti à des règles drastiques en terme de dépenses en devises. Du reste, et selon les prévisions des marchés d'occasion en Europe, notamment en France, la cote des véhicules d'occasion s'est stabilisée sur le marché boursier, avec l'augmentation, à partir de 2017, du bonus-malus pour les véhicules datant des années 2014, 2015 et 2016 (exigence du carnet d'entretien pour son état général selon l'Argus). Une fois la livraison faite dans un port d'Algérie, l'importateur devra honorer la taxe douanière et la nouvelle taxe imposée par la loi de finances 2017 sur le véhicule d'occasion. Du coup, la crainte des concessionnaires de voir ce marché profiter aux puissants réseaux de véhicules d'occasion basés en Europe se fait ressentir. Notamment ceux basés à Marseille, en Normandie, à Lyon, en Île-de-France, mais aussi dans certaines provinces d'Allemagne et d'Espagne et qui trafiquaient, durant les années 2000, le millésime de la voiture avant son exportation vers l'Algérie. En ce sens, il faut rappeler que c'est sur la base d'un rapport en béton établi par les services des Mines et faisant état de "voitures gonflées" (trafic sur la première année de mise en circulation) que le gouvernement algérien avait décidé, en février 2005, de geler les importations des véhicules d'occasion (de moins de 3 ans - ndlr). Durant les années 2000 à 2005, les Algériens importaient une moyenne annuelle de 35 000 véhicules d'occasion depuis l'Europe. Ces véhicules, pour rappel, étaient sujets à des contrôles ayant révélé de graves défaillances mécaniques, mécatroniques, mais aussi des manquements à l'entretien général des châssis, de la tôlerie et peinture et de l'habitacle. À moins que le ministre du Commerce ne détienne une "baguette magique" pour parer à ces graves dysfonctionnements, et, par ricochet, aux conséquences fâcheuses qui en découleraient en matière de sécurité routière. Du reste, le retour des véhicules d'occasion vient remettre au goût du jour le manque de coordination entre deux ministères qui développent deux stratégies contradictoires : le premier fait la promotion de l'industrie automobile, donc la production locale, et l'autre jette son dévolu sur les importations qu'il a lui-même bridées. FARID BELGACEM