La baisse de 15% de la demande nationale de ciment, due au net recul de la commande publique dans le secteur du BTPH, n'a fait qu'envenimer davantage la situation des entreprises productrices. La crise qui secoue actuellement le pays touche de plein fouet l'industrie du ciment. Après avoir été dans un passé récent un importateur net de ce produit, l'Algérie a atteint désormais son autosuffisance et a dégagé même des excédents. En effet, la production est évaluée à plus de 38 millions de tonnes/an alors que les besoins nationaux ne dépassent pas les 22 millions de tonnes. Il est constaté ainsi un surplus de production estimé à environ 15 millions de tonnes. Un volume que les autorités et les acteurs du marché n'arrivent plus à écouler. Et la baisse de 15% de la demande nationale due au net recul de la commande publique dans le secteur du BTPH, gros utilisateur de ce produit, n'a fait qu'envenimer davantage la situation des entreprises productrices. Celles-ci proposent, néanmoins, quelques solutions qu'elles jugent salvatrices pour leur filière. De ces 15 millions de tonnes de surproduction, M. Serges Dubois, responsable au groupe Lafarge Algérie, suggère que 10 millions de tonnes soient destinées à l'exportation. Ce qui peut apporter au pays, estime-t-il, l'équivalent de 400 millions d'euros. Des débouchés peuvent être trouvés pour cela, dans la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf) notamment en Afrique de l'Ouest dont les besoins avoisinent les 17 millions de tonnes/an. Les 5 millions de tonnes restants peuvent être exploités, selon lui, dans la construction des routes en béton. Cela dit, les pouvoirs publics doivent garantir dans ce processus un accompagnement au profit de tous ces opérateurs. Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), demande l'ouverture d'un couloir vert dédié à l'exportation du ciment qui peut générer des devises pour l'Algérie. M. Ziani s'est exprimé au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier à la Safex. Le président de la Cipa a annoncé à cette occasion la tenue prochaine de la conférence sur l'industrie du ciment et clinker en Algérie (Seica 2019), qu'organise l'agence Oxcomevents à la Safex, le 22 décembre 2019 lors de la Foire de la production algérienne. Pour lui, des mesures d'accompagnement et de facilitation en termes de transport et de logistique, demeurent une nécessité afin de permettre aux producteurs de trouver des débouchés à l'étranger. Il s'agit, précise-t-il, de créer toutes les conditions nécessaires à même de rendre le ciment algérien, qui, du reste, est de bonne qualité, compétitif à l'international. Outre l'aide dédiée aux frais de transport, fixée à 50%, assurée par le Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE), M. Ziani avoue que le soutien doit concerner aussi l'arrivée au port du produit. Les ports sont en outre sollicités pour libérer des espaces au profit des exportateurs de ciment. C'est chose faite, puisque le groupe Serport (Services Port) a, d'ores et déjà, dégagé dans ce cadre, quatre ports : trois à l'Est (Djendjen, Skikda, Annaba) et un autre à l'Ouest (Oran). Ces infrastructures portuaires sont dotées de tous les moyens indispensables pour ce type d'exportation, à savoir les surfaces de stockage, d'entreposage et les équipements de chargement et de transport.