S'achemine-t-on vers la tenue de leur procès dans les prochains jours? C'est un grand soulagement qu'on a eu à constater, hier, chez les familles grévistes, les animateurs du mouvement et la population. L'information donnée tôt hier matin s'est rapidement propagée à travers les quatre coins de la wilaya donnant lieu à divers commentaires en plus d'une rumeur colportée çà et là faisant état d'une probable libération de tous les détenus. Les démarches entreprises conjointement par les familles des grévistes et le collectif d'avocats de la défense auxquelles s'est joint l'appel de la coordination intercommunale ont finalement eu raison de la détermination des cinq délégués encore en grève de la faim à poursuivre leur action. Après avoir réservé leur réponse le jour même de la proposition faite par les avocats, ils ont confirmé le lendemain leur refus de cesser la grève pour se raviser hier au grand bonheur de leurs parents qui commençaient sérieusement à perdre tout espoir. Les parents que nous avons pu contacter, hier, cachaient mal leur satisfaction de voir les grévistes surseoir à cette action dangereuse. Au sein de l'opinion locale, le même constat est à relever. Le scepticisme et la peur constatés ces derniers jours ont laissé place à l'espoir qui permet d'envisager l'avenir sous de meilleurs auspices. Le frère du détenu gréviste, Farès Oudjedi, était hier très affairé à préparer la soupe nécessaire pour l'interruption d'un jeûne volontaire de 15 jours. Tout en se montrant franchement satisfait, il a tenu à préciser que «cette suspension n'est que temporaire». Interrogé, notre interlocuteur s'est contenté de répondre: «C'est pour permettre à la justice de poursuivre son travail», avant d'ajouter que «le juge d'instruction ne peut pas convoquer des personnes en grève de la faim». S'achemine-t-on vers la tenue du procès des détenus dans les prochains jours? En réponse à cette question, un membre du collectif d'avocats de la défense s'est contenté de dire que «le juge d'instruction poursuit son travail normalement». Et de préciser que «maintenant que la contrainte de la pression a disparu, les choses ne peuvent que s'accélérer». Le même membre du collectif nous a confirmé l'existence de la rumeur faisant état de l'amnistie de tous les détenus que le Président de la République peut décider comme mesure d'apaisement. Dans les milieux politiques, chaque tendance interprète cette rumeur à son avantage. L'une d'elles se félicite d'une mesure de cette envergure en s'interrogeant toutefois sur le moment choisi, allusion à l'échéance électorale du 30 mai prochain. En attendant, les observateurs de la scène politique locale tablent sur une probable surenchère à propos de cette libération au moment même où le pays est plongé dans des drames quotidiens et que la région a plus que jamais besoin de sérénité loin des luttes partisanes qui parfois versent dans l'indécence.