Nous apprenons de sources judiciaires sûres que pas moins de 2000 terroristes détenus sont concernés par les mesures de grâce. Près d'une dizaine de textes de lois régissant la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par référendum le 29 septembre dernier, sont fin prêts. L'annonce de leur teneur serait faite avant la fin de l'année, indique-t-on de sources sûres. Les mêmes sources affirment, par ailleurs, que plusieurs dispositions sont d'ores et déjà mises en oeuvre par les autorités, avant même que les textes réglementaires soient promulgués. Il s'agit de mesures décidées en faveur des ex-terroristes, qui répondent aux conditions posées par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, à savoir leur non-implication dans les carnages, les viols et le dépôt d'explosifs dans les lieux publics. Ainsi, et selon des sources concordantes, les directeurs des domaines dans toutes les wilayas d'Algérie, auraient été instruits d'identifier des lots de terrains pour les céder aux émirs encore dans les maquis. Certaines sources parlent même de tractations en cours, autour de ces redditions. Cependant, la pension exigée par les terroristes, comme préalable à leur reddition a été catégoriquement rejetée par les autorités. Sur le plan juridique, il est utile de rappeler qu'en sus des mesures de grâce décidées par le chef de l'Etat à l'occasion du 51e anniversaire du 1er Novembre, une commission de l'aménagement des peines a été installée au niveau du ministère de la Justice. Elle aura à traiter des dossiers de certains cas que lui transmettront les établissements pénitentiaires. Les réseaux de soutien au terrorisme, les prévenus poursuivis dans l'affaire Serkadji ainsi que d'autres personnes impliquées dans des groupes terroristes et qui n'auraient pas commis des attentats ou autres prévus par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, seraient concernés par ces mesures. D'ailleurs, nous apprenons de sources judiciaires sûres que pas moins de 2000 terroristes détenus sont concernés par les mesures de grâce et leurs dossiers sont actuellement à l'étude au niveau de la commission spécialisée. Les mêmes sources précisent que les détenus graciés, qui purgent des peines allant de trois à dix années de réclusion, sont généralement inculpés dans des réseaux de soutien au terrorisme. Leurs dossiers, ajoute-t-on, feront l'objet d'une étude approfondie. Pour les cas des terroristes désirant déposer les armes, mais toujours dans les maquis, pour bénéficier des lois de la Charte, la même source a indiqué que les contacts avec leurs familles sont toujours d'actualité. Dans ce contexte, on croit savoir que quatre terroristes actuellement aux maquis de Skikda, sont sur le point de descendre. Ceux-là détiendraient de précieuses informations pouvant être exploitées par les services de sécurité en ratissage dans cette région qui, rappelons-le, est devenue depuis quelque temps le centre de concentration des groupes armés affiliés au Gspc. Quant aux responsables du parti dissous vivant à l'étranger et dont la plupart sont condamnés par contumace entre 1992 et 1994 par les tribunaux d'exception, et qui veulent rentrer en Algérie de leur propre chef ils «bénéficieront de mesures spéciales». Concernant les personnes déjà condamnées, elles devront passer devant une «commission qui aplanira les contentieux, annulera les poursuites judiciaires et donnera ordre aux juridictions compétentes de procéder à l'annulation de toutes les mesures juridiques et décisions des tribunaux prises auparavant», affirme-t-on de sources judiciaires. Il s'agit donc pour les autorités d'aller vite en vue d'endiguer le phénomène terroriste qui enregistre certaines actions sporadiques. La «guéguerre» qui fait rage au sein des groupes terroristes récalcitrants est un autre signe d'essoufflement du Gspc, qui se retrouve isolé de la population, qu'il avait au cours des dernières années «gagnée» par la terreur et le chantage. L'exécution, le 5 octobre dernier, d'un certain Abou El Miaâd, émir du Gspc à l'est du pays, a provoqué une crise aiguë au sein du Gspc. En outre, les rumeurs faisant état de redditions ont créé la zizanie au sein des groupes terroristes qui n'hésitent pas à lancer des représailles contre tout élément suspecté de «collaboration» avec les autorités. En somme, même si les actions entreprises par les instances politiques et judiciaires ne sont pas rendues publiques, il reste que la mise en oeuvre de l'esprit de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est l'objectif essentiel escompté par l'Etat algérien.