Le taux de participation a péniblement atteint la barre de 41,3 %, selon les chiffres officiels de l'instance de surveillance des élections, témoignant du rejet de la classe politique tunisienne. Le parti conservateur Ennahda de Rached Ghannouchi arriverait en tête des résultats provisoires des élections législatives tenues avant-hier dimanche, selon les premières estimations de deux instituts de sondages tunisiens (Sigma et Emrhod). Il serait crédité de 18 % des suffrages, alors que son rival, le parti Qalb Tounes, dont le chef Nabil Karoui est toujours en détention préventive, est annoncé en deuxième position avec 15,5% des voix, selon les mêmes instituts de sondage. Le parti de Nida Tounes qui a eu à gérer avec Ennahda les affaires du pays, lors de la précédente législature (2014/2019), s'est retrouvé à l'avant-dernière place en remportant à peine 2,57 % des voix, soit 4 sièges. Le parti fondé en 2012 par le défunt président Béji Caïd Essebsi, au programme progressiste, a reçu une véritable claque, comparativement à 2014, où il avait raflé 85 sièges (près de 40%). S'agissant des autres listes, celle des candidats indépendants a obtenu 11,75%, suivie de Attayar (le Courant) avec 6,37 %, de la coalition Al Karama avec 6,23 %, du Parti destourien libre avec 6,14%, du mouvement du peuple avec 6,08 %, de Tahya Tounes avec 5,24 % et de Eich Tounsi avec 2,40 %. Les autres listes de coalition obtiendraient, d'après l'institut Emrhod , 7,25% et les autres partis réunis 11,41%. Ces résultats provisoires laissent d'ores et déjà entrevoir un futur Parlement morcelé et émietté alors que la formation d'une majorité parlementaire devrait être extrêmement compliquée. Sur 217 sièges que compte l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Ennahda n'en a obtenu qu'une quarantaine, en attendant les résultats officiels, alors que Qalb Tounes remporterait quelque 35 sièges. Ces deux formations devront fonder des alliances pour espérer gouverner mais, là encore, la tâche s'annonce des plus ardues sachant que Ennahdha et Qalb Tounes ont exclu de travailler au sein d'une même coalition. Outre ces résultats qui devront être confirmés en fin de semaine, ces élections législatives reflètent, une fois de plus, la désaffection des Tunisiens par rapport à la politique de manière générale. Comme attendu, les Tunisiens ne se sont pas bousculés à l'urne dimanche passé. Le taux de participation a péniblement atteint la barre de 41,3%, selon les chiffres officiels. La participation lors des troisièmes législatives depuis la révolution de 2011 en Tunisie a atteint 41,3%", a indiqué l'instance chargée des élections (Isie). Un chiffre bien en deçà du précédent scrutin en 2014. Il est également loin du taux de participation de 49% enregistré lors du premier tour de la présidentielle le 15 septembre. Cela témoigne, comme l'ont indiqué plusieurs analystes tunisiens et observateurs, du rejet des élites actuelles, mais aussi du désintérêt pour un scrutin sans clivage clair.