Au mois de mars dernier, l'association s'est distinguée par la remarquable initiative d'organiser une rencontre avec 4 des 5 rescapés de la mémorable bataille qui eut lieu le 8 octobre 1959 à Tachibount (Fréha). L'association culturelle At Qodéâ d'Adrar, créée en 1992, dans la commune d'Aghrib (Azeffoun), ne cesse de s'illustrer par de louables activités au profit du village, en particulier et de sa commune, en général. Au mois de mars dernier, elle s'est ainsi fait distinguer par la remarquable initiative d'organiser une rencontre avec 4 des 5 rescapés de la mémorable bataille qui eut lieu le 8 octobre 1959 à Tachibount (Fréha), un lieu, devenu célèbre depuis, situé en contrebas du village Adrar. Préparée plusieurs mois auparavant, cette émouvante retrouvaille de rescapés de la Révolution de Novembre a permis la collecte d'importants témoignages, narrés par des acteurs eux-mêmes sur l'histoire de cette opération dans laquelle 22 vaillants combattants perdirent la vie, après une héroïque résistance de près de 48 heures, avec des armes inégales, face aux feux, de tous côtés, des avions et d'armes lourdes de l'armée coloniale française. Celle-ci avait subi, de son côté, de nombreuses pertes, mais elles ne purent être évaluées en raison de leur remplacement progressif par des troupes fraîches, acheminées en hélicoptères par lesquels étaient ensuite évacués les corps des soldats tués ou blessés. Les 5 rescapés de cette bataille sont notamment “Saïd Boudrar” (Ouguenoune Saïd Lounas), Tighedine Arezki ou “Arezki Taâwint”, Hadj Abdellaoui Ahmed de Ibsekriyen, alors responsable des Habous, Amansour Mohand-Saïd, dit “Saïd Boudoukhane”, et Tahar Ibouchoukene, décédé en décembre 1992. Dans leur témoignage, les 4 survivants évoquaient également la non moins célèbre bataille d'Agouni Ouzidodh, un dense massif forestier situé non loin du lieu de la première bataille. Par ailleurs, l'association At Qodéâ, à l'origine de la réalisation de la superbe mosquée du village, initie, en plus de son programme culturel, d'autres actions d'utilité générale, auxquelles tout absent du village se soumet à une amende de 400 DA, à défaut de travailler à la force de ses bras. Le “règlement interne” du village soumet tous les jeunes, à partir de 18 ans, à la cotisation de 20 DA par mois. Ce mode de collecte d'argent, conjugué à l'apport des émigrés, permet de répondre aux besoins socio-éducatifs du village, tels l'achèvement du dallage de la terrasse de la maison de l'imam, l'entretien des routes, du cimetière, l'alimentation en eau potable, l'équipement du centre de couture, etc. Cependant, cette association ne fait pas moins face “à des obstacles qui, ces derniers temps, l'entravent aussi bien elle-même dans sa mission que les jeunes filles de notre centre de couture et de broderie, ainsi que les collégiennes et lycéennes en matière de transport”, souligne le président de l'association. “Le comble, ajoute-t-il, c'est que ces difficultés nous viennent de ceux-là mêmes censés devoir nous aider, comme ils l'ont illustré récemment avec leur total mépris à l'égard de nos demandes (écrites) pour alimenter en gasoil le centre de couture du village pendant l'hiver dernier, ce qui n'a pas manqué d'influer négativement sur le rendement de l'apprentissage des deux sections de stagiaires (une quarantaine de filles). Heureusement, nous avons trouvé une solution palliative auprès d'un bienfaiteur qui a doté gracieusement le centre de deux appareils de chauffage à bain d'huile, largement suffisants, si ce n'est de fréquentes coupures d'électricité en cette période hivernale”. Absence de moyens Les stagiaires de ce centre, que l'association avait ouvert il y a quelques années, ont pris part dernièrement à une exposition de produits et de confections traditionnels, tenue au parc zoologique de Ben Aknoun (Alger). Le transport leur a été, enfin, assuré par un fourgon de l'APC. D'un autre côté, le même responsable fait cas d'une autre “forme de mépris” dont fait l'objet Adrar At Qodéâ de la part des autorités locales. Il s'agit, explique notre interlocuteur, membre du comité du village, “de la privation injustifiée de la population de l'équipement et de la réception du centre de soins dont elle a bénéficié, pourtant achevé pourtant depuis 2002”. Le président de l'association At Qodéâ, dans laquelle se regroupent également les membres du comité du village, déplore en outre “la sourde oreille des mêmes responsables envers notre village, à l'instar de plusieurs autres d'ailleurs qui sont dans le même cas, quant au fonctionnement des écoles, manquant cruellement de moyens de transport”. Des jeunes collégiennes et lycéennes de villages reculés sont contraintes, en effet, notamment en hiver où les journées sont très courtes, à se trouver aux points d'arrêt des transports avant 6 h, pour que le chauffeur puisse réussir ses doubles, voire triples rotations, afin de faire arriver les élèves à 8 h devant leur établissement. Pendant que celui-ci sillonne les points d'arrêt pour acheminer d'autres élèves, leurs camarades (filles et garçons), transportés en premiers, attendent en grelottant devant l'établissement jusqu'à l'heure d'entrée en classes. Et rebelote pour le même scénario à la fin des cours… Quant aux fréquentes pannes de ces moyens de transport, “mieux vaut ne pas en parler… Sinon, imaginez un instant des jeunes filles, habitant dans des villages et hameaux isolés, arpentant 7, 8, 10 km, au soir tombé, pour rentrer à la maison familiale, ou à l'aube pour rejoindre les classes… Dieu merci, la solidarité de leurs camarades garçons ne fléchit pas”, s'est contenté de dire notre jeune associatif, satisfait du moins de ce côté-là. L'association est actuellement à pied d'œuvre pour ouvrir, dans un proche avenir, une crèche au profit des enfants d'Adrar et de ceux des villages environnants, en vue de les préparer aux classes préscolaires. Salah Yermèche