L'Union nationale de l'ordre des avocats a appelé à une marche nationale des robes noires le 24 octobre prochain à Alger. Le mouvement populaire contre le système sort petit à petit des manifestations bihebdomadaires routinières, les mardis et vendredis, pour renouer avec ses expressions premières, à savoir l'implication active des corporations en tant que telles. Beaucoup d'organisations reprennent l'initiative à mesure qu'approche l'élection présidentielle, incitées, il faut le dire, également par l'entêtement du pouvoir à imposer son agenda politique, mais aussi par la répression qui s'abat sur les manifestants et les opposants politiques. C'est ainsi que des syndicats sont revenus sur la scène de la contestation, notamment dans la wilaya de Béjaïa où ils ont appelé à rejoindre la marche de la communauté universitaire, mais aussi à une grève générale au niveau de la wilaya. La Confédération des syndicats autonomes (CSA), qui regroupe pas moins de 13 syndicats, a engagé la réflexion sur sa manière de s'engager davantage dans le hirak. Elle devra trancher dans les jours à venir. Mais l'organisation qui a ouvertement pris option pour la manifestation de rue, c'est l'Union nationale de l'ordre des avocats (Unoa). Cette dernière a appelé à une marche nationale à Alger pour le 24 octobre prochain. Dans son communiqué rendu public en début de semaine, l'Unoa dénonce aussi bien "les dépassements et les entraves à l'encontre de la liberté d'expression, de la liberté de manifester et de la liberté de circuler, les arrestations opérées parmi les manifestants pacifiques" que le projet de loi sur les hydrocarbures. Outre ces deux grandes organisations, le Syndicat national des magistrats (SNM) avait, de son côté, dénoncé, dans un communiqué rendu public, "la mainmise du pouvoir exécutif sur l'appareil judiciaire", tout en accusant "l'absence de volonté politique pour concrétiser le principe de la séparation des pouvoirs". Si les magistrats ne sont pas allés jusqu'à l'exprimer, ce plaidoyer pour l'indépendance de la justice s'apparente, pour le moins, à une menace de revenir au hirak. Il y a également la montée au créneau des journalistes de toutes les chaînes de la Radio nationale, lesquels ont récemment dénoncé "la résurgence de la censure dans le traitement de l'information", allusion faite aux manifestations hebdomadaires que seule la Chaîne III ose, à présent, couvrir. Ces intentions de soutien ne peuvent que donner des ailes au hirak dont la flamme est déjà bien ravivée ces derniers jours. Mais en attendant ce retour graduel à la protestation par corporation, les Algériens n'attendent plus les mardis et les vendredis pour sortir dans la rue. Le projet de loi sur les hydrocarbures les a bien mobilisés avant-hier dimanche dans plusieurs villes du pays. Réprimés mardi dernier, notamment à Alger, les étudiants attendent une mobilisation plus accrue aujourd'hui. Un appel à une marche nationale grandiose à Alger est relayé sur les réseaux sociaux.