Durant tout le parcours des manifestants, ce sont les mêmes slogans qui reviennent, demandant la libération des détenus d'opinion et le rejet catégorique de la tenue des élections du 12 décembre. Pour la 14e semaine consécutive, la population de Tigzirt, au nord de la wilaya de Tizi Ouzou, a réinvesti la rue, jeudi, pour réclamer, encore une fois, la libération de tous les détenus d'opinion dont le jeune Acherfouche Ammar, du village Tifra dans la même localité, arrêté en juin dernier à Alger en possession de l'emblème amazigh. La marche s'est ébranlée comme à l'accoutumée, à 10h30, de la place des Martyrs du centre-ville pour se diriger vers le tribunal de la ville. Composée de plusieurs centaines de personnes, la procession a traversé le centre-ville en scandant des slogans dénonçant la détention arbitraire de manifestants dont la plupart ont été incarcérés pour possession de l'emblème amazigh ou pour avoir exprimé leur opinion sur la crise qui a acculé le régime dans ses derniers retranchements. Durant tout le parcours des manifestants, ce sont les mêmes slogans qui reviennent, demandant la libération des détenus d'opinion et le rejet catégorique de la tenue des élections du 12 décembre tels que "Asgwassa ulac l'vote" et "Ulac l'vote ulac". Les manifestants scandaient également "Dawla madnia machi askaria", "Libérez les détenus" pour ainsi réaffirmer les revendications principales de la rue. Sur les différentes pancartes brandies on pouvait lire également "Liberté pour Amar Acherfouche", "Libérez tous les détenus d'opinion", "Le pouvoir est fou" ou encore "Le FLN au musée". Arrivés devant le tribunal de Tigzirt, les manifestants brandissaient fièrement le drapeau national et l'emblème amazigh, tout en observant une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs de la démocratie et surtout pour marquer la célébration du 17 Octobre 1961, dont la date anniversaire coïncidait avec cette 14e marche. Sur place, la foule a scandé, à plusieurs reprises, des slogans dénonçant "la justice du téléphone" et ce qu'ils ont qualifié de "dérives dans le traitement des dossiers d'instruction judiciaire des détenus du mouvement populaire". Les différents intervenants lors de ce rassemblement ont expliqué, chacun à sa manière, qu'il est anormal que certains tribunaux relaxent normalement les détenus porteurs de l'emblèmes amazigh alors que d'autres non. "Nous avons l'impression qu'il y a une justice parallèle en Algérie et qui agit à sa guise !", a dénoncé un manifestant.