Les membres de la délégation se sont montrés hier “très satisfaits”, à l'issue de cette ultime rencontre avec Ahmed Ouyahia. À leur sortie de la rencontre avec le Chef du gouvernement, qui a duré un peu plus de dix heures, les membres de la délégation des archs en charge du dialogue sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur se sont montrés très satisfaits de l'avancée des négociations à propos des deux revendications portant sur l'officialisation de tamazight et l'allocation chômage. “C'est en bonne voie”, nous a indiqué, hier, Belaïd Abrika joint au téléphone, alors qu'il était en consultation avec ses collègues. Par ailleurs, les autres membres de la délégation des archs, qui étaient durant toute la journée d'hier en réunion de concertation pour “affiner leur stratégie de travail avant d'aller encore une fois à la rencontre du Chef du gouvernement”, ne veulent rien divulguer des conclusions auxquelles sont parvenues les deux parties tant que ce dernier round de dialogue n'est pas achevé. “Les membres de la délégation ont convenu de ne faire aucune déclaration ou de divulguer des informations avant la fin des négociations”, se sont contentés de répondre tour à tour les membres de la délégation qui tiennent à chaque fois à exprimer leur grande satisfaction quant à l'avancement du dialogue. Un des membres de la délégation que nous avons contacté a, toutefois, laissé clairement entendre que la voie référendaire pour l'officialisation de tamazight est définitivement écartée. “Nous avons réalisé une avancée considérable, et nous avons même, à présent, dépassé cette question de référendum que l'on considère comme une affaire classée”, a-t-il déclaré sans vouloir fournir d'autres précisions quant aux mécanismes choisis, ou du moins proposés, par les deux parties pour son officialisation. Belaïd Abrika, quant à lui, s'est contenté de dire que “les négociations sont en bonne voie”, et que “nous avons réalisé une importante avancée”. La même déclaration a été faite également par Farès Oudjedi qui a expliqué que, finalement, le débat lors de cette rencontre ne s'est pas limité aux deux points prévus initialement, à savoir l'officialisation de tamazight et l'allocation chômage, mais qu'il a été bien élargi à d'autres questions encore très sensibles, sans révéler, encore une fois, de quelles questions il s'agit. Au rythme où avance ce dernier round de dialogue, les membres de la délégation estiment pouvoir finaliser l'accord sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur plus tôt que prévu. En tout cas, cela deviendra évident si un arrangement entre les deux parties sur la question de l'officialisation de tamazight est effectivement conclu. Pour rappel, c'est cette question même de l'officialisation de tamazight qui a conduit à l'interruption du dialogue entamé en janvier 2004, lorsque le Chef du gouvernement a affirmé aux représentants des archs que cette question ne pourra être réglée sans passer par la voie référendaire. Mais à la reprise du dialogue en janvier 2005, les deux parties ont procédé à la signature d'un accord global incluant la satisfaction de la langue tamazight. Un accord que les archs ont toujours considéré alors comme un engagement réel du Chef du gouvernement à satisfaire les revendications inscrites dans la plate-forme d'El-Kseur dont fait partie la revendication identitaire. Mais jusque-là, les représentants du pouvoir n'évoquent dans leurs déclarations que la promotion de tamazight par la création d'une académie berbère, d'instituts de formation des enseignants et d'une chaîne de télévision à cet effet. Reste donc à attendre les prochaines déclarations des deux parties pour connaître la teneur de ces nouveaux engagements du pouvoir et les acquis arrachés par les archs. SAMIR LESLOUS