Tout en soutenant le mouvement populaire et ses revendications, l'influent chef du Hezboollah libanais, Hassan Nasrallah, a déclaré hier qu'il "ne soutenait pas la démission du gouvernement". Des dizaines de milliers de Libanais sont sortis hier pour le troisième jour consécutif dans les rues de la capitale Beyrouth et dans d'autres villes du pays, protestant contre le gouvernement en place et l'ensemble de la classe politique, accusés de corruption. Si la démission du gouvernement était réclamée depuis jeudi, hier plusieurs manifestants ont demandé la tête du chef de l'Etat Michel Aoun. Des violences ont émaillé ce mouvement de contestation, comme lors de la marche de vendredi. Selon des médias locaux, une personne a été tuée lorsqu'une dispute entre un intrus à la manifestation et des manifestants a dégénéré en coups de feu sur la route menant à l'aéroport de Beyrouth, selon une source militaire, citée par le journal l'Orient du jour. Craignant l'escalade, l'armée libanaise a appelé les protestataires à manifester de manière pacifique. Toutefois, selon de nombreux Libanais, les rixes et les émeutes ayant éclaté ont été causées par l'intervention musclée des forces de l'ordre contre les manifestants. Dans l'après-midi d'hier, le Premier ministre a réuni les chefs des principaux partis politiques du pays pour tenter de désamorcer la crise et écouter les propositions des hommes politiques libanais. Mais selon des analystes cités par des médias libanais, face à l'ampleur du mouvement de contestation, les formations politiques, déjà décriées, auront peu de chance de ramener le calme et faire taire un mouvement qui ne fait que monter en puissance, démontrant que le problème va bien au-delà des choix que le Premier ministre serait amené à faire. Réagissant pour la première fois depuis le début de ce mouvement de masse, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, très influent en politique, a accusé, sans les nommer, des responsables de tenter de jeter "la responsabilité sur les autres", en allusion au Premier ministre Saad Hariri qui a menacé, la veille, de limoger le gouvernement si ce dernier ne trouvait pas de solutions. Hassan Nasrallah a appelé "à répondre au message retentissant" des manifestants, en saluant "un mouvement populaire (...) qui dépasse les appartenances confessionnelles, régionales ou politiques". Mais il a fait savoir qu'il "n'allait pas soutenir une démission du gouvernement". Et pour cause, selon le chef du Hezbollah, le pays fait face à "deux grands dangers : le premier serait l'effondrement financier et économique (...) et le second une explosion populaire", a-t-il averti. Pour rappel, l'explosion de colère a été déclenchée jeudi dernier au soir par une décision du Conseil des ministres d'imposer une taxe sur les conversations par WhatsApp et d'autres messageries électroniques. Spontanément, des femmes et des hommes, de tous âges, ont alors commencé à affluer vers le centre-ville de Beyrouth, où se trouve le Grand Sérail qui abrite les bureaux du Premier ministre Saad Hariri.