Aucun chiffre n'a été avancé officiellement sur le montant des primes impayées. Les créances impayées ne transparaissent ni dans les rapports de conjoncture du Conseil national des assurances ni dans le rapport annuel de la direction des assurances. Mais, semble-t-il, elles ont atteint un niveau inquiétant qui mérite d'être examiné. Certaines compagnies d'assurances se plaignaient déjà du problème de recouvrement des créances impayées. Mais la crise économique a amplifié le phénomène. Le P-DG d'Alliance Assurances, qui assume aussi la fonction de vice-président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), évoque "un problème grave" qui est en train d'enfler d'une manière exponentielle. "Le stock de créances impayées pourrait augmenter de 20 à 30%", a-t-il mis en garde, regrettant que l'Algérie soit "le seul pays au monde où l'assurance est vendue à crédit". M. Khelifati a évoqué un projet de réforme pour corriger cette situation mais qui, malheureusement, n'a pas abouti. Les assureurs se plaignaient, déjà, du problème de recouvrement de créances, a-t-il souligné. Mais la crise économique, la fermeture de plusieurs petites entreprises et le gel des crédits bancaires semblent amplifier le phénomène qui ne concerne pas seulement les grandes entreprises. Il touche aussi les petites entreprises qui n'ont plus accès aux crédits d'exploitation pour leur fonctionnement quotidien et payer les charges ordinaires dont les primes d'assurance. "C'est une catastrophe nationale, cette histoire de vendre à crédit l'assurance, et qui n'existe nulle part dans le monde moderne et développé, nous allons le payer tôt ou tard", indique le P-DG d'Alliance Assurances. M. Khelifati avertit sur l'impact des créances impayées sur la stabilité financière des compagnies d'assurances, soulignant l'urgence d'une réforme du secteur des assurances. Celui-ci pourrait connaître un sérieux plongeon au second semestre de l'année en cours, après avoir enregistré une croissance significative au premier semestre. En effet, selon la note de conjoncture du Conseil national des assurances, le chiffre d'affaires du secteur des assurances (y compris les acceptations internationales) a atteint 80,8 milliards de dinars durant les six premiers mois de l'actuel exercice, en hausse de 9,4% comparativement au premier semestre 2018. Mais des nuages s'accumulent à l'horizon. L'aggravation de la crise économique, la baisse de la commande publique et le plafonnement des importations de kits destinés au montage de véhicules… impacteront sûrement le secteur des assurances. "Les moteurs de l'économie algérienne sont en train de s'éteindre l'un après l'autre", a relevé récemment le P-DG d'Alliance Assurances.