Les libéraux vont former un gouvernement minoritaire au Canada, après un règne sans partage durant ces quatre dernières années. À l'issue des élections générales du 21 octobre, le parti du Premier ministre sortant Justin Trudeau a remporté 156 sièges sur les 338 que compte la Chambre des communes, devançant le Parti conservateur du Canada (PCC) qui s'est contenté de 122 élus, malgré qu'il dépasse le PLC en termes de suffrages, 35%, soit deux points de plus que le vainqueur. Dans la province du Québec, c'est le Bloc québécois (BQ), une formation souverainiste, qui a fait une percée remarquable avec 32 élus dans les 78 circonscriptions électorales. Le Nouveau-Parti démocratique (NPD), qui a connu une véritable déconfiture dans la province francophone, arrive quatrième à l'échelle du Canada avec 24 élus. La victoire amère du parti au pouvoir tient dans la capacité des libéraux à garder la province de l'Ontario qui a le plus grand nombre de circonscriptions électorales (122 sièges). En revanche, le PLC a été rayé de la carte électorale dans deux provinces, l'Alberta et la Saskatchewan, fiefs conservateurs. Autant dire que Trudeau hérite d'un pays divisé. Dans un discours devant ses partisans, le Premier ministre réélu a déclaré avoir entendu le message des électeurs. "Les Canadiens nous ont confié la responsabilité de continuer à gouverner", a affirmé Justin Trudeau, en promettant de continuer ce que son gouvernement a commencé durant son premier mandat. M. Trudeau devra négocier dur avec les partis d'opposition pour former son gouvernement minoritaire. Les négociations vont entourer des enjeux politiques et programmatiques cruciaux, comme la question des énergies fossiles, les changements climatiques, etc. En matière de politique étrangère, Trudeau compte tenir tête à la Chine et maintenir la ligne dure contre Moscou, comme il a été martelé durant la campagne électorale. Le gouvernement libéral, désormais minoritaire, s'engage de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici 2030, en investissant dans les énergies renouvelables. L'immigration constitue une autre priorité pour les libéraux. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, le gouvernement libéral compte porter le nombre d'immigrants accueillis annuellement à 350 000 à partir de 2021, soit 29 000 de plus qu'en 2018. Avec cette victoire à la Pyrrhus, c'est l'histoire qui se répète pour les libéraux. En 1968, Pierre-Eliot Trudeau, père de l'actuel Premier ministre, avait un gouvernement majoritaire avant de devenir minoritaire 4 ans plus tard. C'est exactement ce qui arrive à Trudeau fils, lequel passe d'une écrasante majorité de 2015 à un gouvernement minoritaire.