De nombreux experts estiment que la bataille de ce début du siècle aura lieu sur le continent africain, où tout reste à faire, et aussi en raison des ressources naturelles que renferme son sous-sol. Le premier "Sommet Russie-Afrique" se tiendra aujourd'hui et demain à Sotchi. Selon le Kremlin, une trentaine de dirigeants africains prendront part à cet événement, dont le chef d'Etat Abdelkader Bensalah, a indiqué la présidence de la République dans un communiqué. Ce sommet vient rappeler la guerre féroce que se livrent les grandes puissances sur le continent africain, mais surtout le retour opéré par Moscou ces dernières années, aussi bien sur le plan économique que diplomatique. Outre le renforcement de sa relation avec l'Afrique du Sud dans le cadre de l'organisation des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), la Russie se (re)place progressivement dans la région du Sahel et en Afrique centrale, où son influence diplomatique va de pair avec ses ambitions économiques et militaires. Selon les chiffres officiels, en 2018, les échanges entre la Russie et le continent africain s'élevaient à 20 milliards de dollars, moins de la moitié de ceux de la France et dix fois moins que la Chine. Et la majorité du commerce concerne les ventes d'armes, rare domaine dans lequel la Russie est en tête en Afrique. Entre 2014 et 2018, la Russie représentait 49% du total des importations d'armes en Afrique du Nord et 28% de celles d'Afrique subsaharienne, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Mais la Russie veut au-delà de son commerce d'armes, en s'impliquant de plus en plus sur le plan diplomatique dans les processus politique en Libye, au Mali, ou encore en Centrafrique, pour ne citer que ces trois pays, où la présence de mission de paix de l'ONU et des forces militaires de certains pays n'ont pas réussi à dénouer la crise. Le vide laissé par un retrait américain de l'Egypte, avec la diminution de l'aide financière octroyée par Washington au Caire, a ouvert la voie à Moscou pour renouer ses liens avec le nouveau régime de Abdel-Fattah al-Sissi. Dans la région du Maghreb, la Russie continue d'entretenir une relation de premier ordre avec l'Algérie, car, outre le marché de l'armement, Moscou et Alger alignent leurs positions concernant le règlement de la crise libyenne, bien que la Russie soit suspectée de soutenir le controversé maréchal Khalifa Haftar au détriment du gouvernement légitime de Tripoli. Aussi, Moscou veut s'offrir de la place chez le voisin marocain, en signant en 2016 un partenariat stratégique avec Rabat. Aujourd'hui, le président russe Vladimir Poutine aspire à renforcer la présence russe dans le domaine minier et énergétique, en concluant une série d'accords avec plusieurs pays africains, où les Chinois, les Français, l'Inde et les Etats-Unis avancent aussi leurs pions.