Etudiant à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, cet artiste peintre est présent à la galerie Ifru.design jusqu'à la fin du mois en cours, avec l'exposition "Ouachouwachat Dikra" (Mémoire confuse). L'artiste peintre Sulaiman Shaheen a élu domicile à la galerie d'art Ifru.design pour faire une "intifada". Culturelle celle-là, puisque, au lieu de la "guerre des pierres", l'artiste use de ce qu'il sait faire le mieux : les arts plastiques en l'occurrence. D'où la similitude qu'il y a entre ce révolté de Gaza la martyre et le poète Mahmoud Darwich (1941-2008) auquel il a dédié, devant un auditoire ébahi, une œuvre qu'il a exécutée séance tenante, soit en quelques mouvements et deux pinceaux en rouge et noir au soir du vernissage de son exposition intitulée "Ouachouwachat Dikra" (Mémoire confuse). "J'ai suivi durant une année une formation en décoration intérieure à Gaza avant de venir en Algérie, où je suis à ma deuxième année dans la spécialité sculpture à l'Ecole des beaux-arts d'Alger", nous a confié l'artiste. "Dans mes œuvres, j'exprime l'enfance et son corollaire, l'innocence, ainsi que les affres vécus par les réfugiés dont je fais partie. Néanmoins, mon rêve est d'aller vers un cursus doctorant", a déclaré Sulaiman Shaheen, qui fait don d'un vol de colombes blanches au-dessus du Rhummel de Constantine. Et au-delà du rouge qui évoque le sang, il y a aussi l'espoir qui s'oppose ainsi à la voilette noire du deuil de la "faucheuse" et qui s'immortalise dans l'esprit d'Henri Beyle dit Stendhal (1783-1842). "L'alliance du rouge sanglant avec le noir de la désolation et du funèbre incarnent le bien et le mal qui n'ont pas empêché cependant l'éclosion du beau dans l'enfer de Gaza", a indiqué l'artiste peintre Karim Sergoua. Tenace, cet élève de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger y va ainsi sur l'itinéraire de son aîné et l'enfant de Galilée, le poète Mahmoud Darwich qui faisait sa "guerre des mots" avec l'ode de sa Mère la Palestine qu'il portait en bandoulière telle une arme redoutable. "J'ai la nostalgie du pain de ma mère, du café de ma mère, des caresses de ma mère… Et l'enfance grandit en moi…" (1966). "C'est au professeur de l'Ecole des beaux-arts Karim Sergoua que l'on doit le choix de l'artiste peintre Sulaiman Shaheen, eu égard à son potentiel artistique qu'il illustre à l'aide d'un éventail de vingt-trois toiles", a-t-on su de la galeriste Amel Bara Kasmi. À ce propos, Karim Sergoua, le précurseur de "Je Palestine", a ajouté au sujet de cette pépite qu'il a découverte : "Sulaiman Shaheen est un élève issu d'une Palestine meurtrie et porteur d'un dossier artistique élogieux, en dépit qu'il a été spolié de ses toiles en Egypte alors qu'il franchissait la frontière pour venir chez nous. Studieux, Sulaiman Shaheen témoigne de ses émotions dans l'expressif et le réalisme. De ce fait, j'exhorte ce Gazaoui à puiser le talent inné qu'il a dans ses veines, eu égard à sa main de maître et au vœu patriotique de peindre la détresse des siens qui souffrent des affres du blocus de la bande de Gaza." À ce propos, l'exposition de Sulaiman Shaheen est aussi ce lieu d'apprentissage où l'écolier se familiarise à l'abécédaire artistique, notamment l'usage à bon escient du crayon, de l'aquarelle et de la gouache pour qu'au final l'enfant s'accoutume aux effets de hachures et les couleurs des textures, a suggéré l'artiste peintre Madjid Guemroud. Afin de s'imprégner de la beauté de la galerie de portraits de cet artiste à peine sorti de l'adolescence, le mieux est d'aller à l'espace Ifru.design où Sulaiman Shaheen vous attend jusqu'à la fin du mois en cours.