La grève illimitée entamée hier par les magistrats n'aura pas d'incidence sur les verdicts attendus ces jours-ci. Au-delà du service minimum qui doit être assuré par les grévistes, les juges sont appelés à rendre les verdicts dans les affaires déjà jugées. Contacté par Liberté, Issad Mabrouk, président du Syndicat national des magistrats, a rassuré quant aux verdicts attendus. "Les juges rendront les verdicts malgré la grève", a-t-il dit, tout en précisant que cela ne concerne pas uniquement les affaires liées aux détenus d'opinion, mais toutes les affaires déjà jugées et mises en examen. La précision du président du Syndicat national des magistrats se veut une assurance, notamment aux détenus pour port de l'emblème amazigh et à leur famille, dont le verdict du procès de six d'entre eux est attendu pour demain mardi. Il s'agit pour rappel du procès de Bilal Bacha, de Khaled Oudihat, de Hamza Meharzi, de Tahar Safi, de Messaoud Leftissi et de Djaber Aïbèche, jugés le 22 octobre dernier par le tribunal de Sidi M'hamed. Il en est de même pour les cinq autres détenus dont l'affaire a été traitée par le tribunal de Bab El-Oued. Le verdict dans cette affaire est attendu pour le 30 octobre. La décision du Syndicat des magistrats de rendre les jugements malgré la grève "concerne toutes les affaires traitées et pas uniquement celles des détenus", nous a précisé Issad Mabrouk. Il faut souligner à ce propos que les familles des détenus d'opinion, notamment celles dont les proches ont été jugés et dont les verdicts sont attendus, "ont été choquées par l'annonce de la grève des magistrats". Lors d'une précédente rencontre du Comité national pour la libération des détenus, les familles ont interpellé les avocats présents. Ces derniers ont expliqué que les juges sont tenus, malgré la grève, de rendre les verdicts dans les affaires précédemment jugées. Il faut noter que la précision apportée par le président du Syndicat national des magistrats vient expliciter "les précisions" envoyées par le syndicat à ses membres grévistes. Il est indiqué dans le document que les juges sont tenus de boycotter toutes les assises, ce qui induira le report du traitement de tous les dossiers devant les tribunaux, les cours, la Cour suprême et le Conseil d'Etat, y compris, précise le document, les affaires en délibéré. Le syndicat souligne que seules les affaires traitées en référé seront examinées. Le syndicat appelle ses membres à "ne pas signer les certificats de nationalité, les casiers judiciaires (…)". Sur un autre volet, le syndicat a indiqué qu'il est demandé "aux juges d'instruction et aux procureurs de refuser les procédures de comparution".