Rejoints par des citoyens, les étudiants ont investi en masse, hier, les principales artères d'Alger-Centre en affichant une détermination à toute épreuve à poursuivre la révolution pacifique jusqu'au départ du système, en rejetant la présidentielle et en exigeant la libération des détenus d'opinion. C'est vers 10h que les premiers groupes de manifestants ont commencé à se former à la place des Martyrs. Les marcheurs dont les rangs grossissaient au fur et à mesure qu'ils avançaient en suivant leur itinéraire habituel qui les a menés du square Port-Saïd à la Grande-Poste, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, l'avenue Pasteur, la Faculté centrale, le boulevard Amirouche et la place Audin, et ce, sous le regard passif des policiers, ont arboré l'emblème national et porté des banderoles et des pancartes. Ils ont entonné des chants patriotiques et ceux du hirak pour signifier le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre, en scandant notamment "Makanch el intikhabat mâa l'issabat" (Pas d'élections avec les bandes). "Cette année, il n'y aura pas de vote", ont-ils scandé à l'adresse du pouvoir. Sur un air de vendredi, la marche a, aussi, convoqué la mémoire des martyrs de la Révolution, dont Ali Amar dit Ali la Pointe qui revenait souvent dans les slogans pour dénoncer les compromissions et l'inféodation des dirigeants actuels vis-à-vis de l'étranger. "Ramenez Poutine ou les Américains, nous n'allons pas arrêter notre révolution", ont repris en chœur les manifestants qui s'en sont pris aux gouvernants, en proférant des slogans appelant à se débarrasser du système corrompu et corrupteur. Sur un large étendard à l'effigie du martyr Taleb Abderrahmane on pouvait lire également "Tout système politique qui n'est pas soumis au contrôle du peuple, finira inévitablement par se retourner contre lui". Une pancarte rappelait, en outre, un principe de droit que stipulent les articles 7 et 8, "Le peuple est la source de tout pouvoir". Ils ont également repris le refrain de la célèbre chanson patriotique "Ikhouani la tansaou chouhadakoum" (Mes frères n'oubliez pas vos martyrs), pour exiger la libération "immédiate et sans condition" des détenus politiques et d'opinion à l'instar du moudjahid Lakhdar Bouregâa, et la jeune étudiante Yasmine Nour El-Houda ainsi que Leftissi Messaoud et les autres. Le slogan "Libérez les détenus, ils n'ont pas vendu de la cocaïne", a été formulé, tout autant que l'exigence de libérer la justice et les médias par la même occasion. En alertant la presse sur la grande marche qui aura lieu vendredi prochain, 1er novembre, la foule a demandé l'ouverture des accès à la capitale aux citoyens qui vont arriver.