Les manifestants ont renouvelé leur rejet total de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain. Par dizaines de milliers, les Constantinois ont fait entendre encore une fois leur voix en ce 35e vendredi de mobilisation citoyenne, celle du rejet catégorique de la loi sur les hydrocarbures, de la loi de finances 2020 et surtout de l'élection présidentielle sous le régime politique en place. Un 35e acte pour réitérer aussi l'attachement aux revendications citoyennes portées par leur révolution pacifique depuis le 22 février dernier, dont le départ des figures du système politique, l'indépendance de la justice et surtout la libération des détenus d'opinion et d'activistes du hirak arrêtés lors des marches et emprisonnés. Les Constantinois n'abdiquent toujours pas et, comme à leur habitude, dès la fin de la prière du vendredi, les premiers noyaux de manifestants, brandissant affiches, pancartes et photos des détenus d'opinion, ont commencé à constituer des carrés devant le palais de la culture Mohamed Laïd-El-Khalifa. La marche s'ébranle aussitôt en entonnant des chants et en scandant des slogans hostiles aux arrestations de manifestants et d'opposants politiques au régime. En effet, les slogans soutenant les détenus d'opinion ont dominé la marche de ce 35e vendredi consécutif où la population cirtéenne a renouvelé sa solidarité inconditionnelle aux détenus d'opinion, victimes d'atteintes aux libertés, dénonçant des arrestations tyranniques. À l'unisson, ils ont répété : "Libérez Bouregâa", "Libérez nos enfants, ils n'ont pas vendu de la cocaïne" et "Sahafa horra, adala moustakila" (Presse libre, justice indépendante). Des portraits de détenus d'opinion, à l'exemple de Bouregâa, de Boumala, de Tabbou… étaient présents partout. Les manifestants ont réitéré leur rejet total de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain par des slogans récusant sans équivoque cette perspective, lesquels ont résonné dans les entrailles de la ville, tels que "Makanch l'vote, wallah ma ndirou, Bedoui et Bensalah lazem itirou. W'idha b'erressas hebbitou ettirou, wallah marana habssine" (Pas de vote, nous ne le ferons pas, Bedoui et Bensalah doivent partir. Même si vous deviez nous tirer dessus, nous ne nous arrêterons pas), "Makanch el vote, diroulna les menottes", "Makanch intikhabat mâa el-îssabat", "Makanch el-vote ya s'hab el-kaskrot" (Adeptes du casse-croûte, il n'y aura pas de vote). Sans montrer le moindre signe d'épuisement, en dépit de l'entêtement et des intimidations du régime qui ne veut pas lâcher du lest, les Constantinois maintiennent de la plus belle des façons leur front uni. En sillonnant les grandes artères de la ville, depuis le palais de la culture Mohamed Laïd-El-Khalifa jusqu'à la place de la Pyramide, en passant par les allées Ben Boulaïd, l'avenue Mohamed-Belouizdad et le boulevard Abane-Ramdane, l'axe principal longeant le centre-ville, les marcheurs ont également scandé des slogans contre le texte de loi sur les hydrocarbures : "La loi sur les hydrocarbures, à la poubelle, la loi de finances à la poubelle", "Baâouha el-khawana" (Ils l'ont vendue, les traîtres), "Total dégage", "Le peuple veut la chute du Parlement". Des slogans en soutien aux étudiants victimes de la répression lors du 33e acte de mobilisation de la communauté universitaire à Alger ont également été scandés par les manifestants.