De mémoire d'homme, jamais autant de monde n'a déferlé sur la ville des Genêts. Alors que lors des précédentes marches les rues ne faisaient le plein qu'à 14h, hier, il n'était pas encore 13h lorsqu'il était déjà difficile de trouver où poser les pieds sur tout le tronçon menant de l'université jusqu'au stade du 1er-Novembre. À 14h, c'était tout l'itinéraire habituel menant jusqu'à la place de L'Olivier qui était noir de monde, et il était quasiment impossible d'avancer d'un pas. Ils étaient tout au moins un million de personnes à participer à la marche d'hier. C'est dire que l'appel du 1er Novembre a eu un écho impressionnant auprès de la population. Hommes, femmes, vieux, vieilles, enfants et même handicapés sont descendus dans la rue pour participer à cette deuxième révolution de Novembre. Sur les banderoles déployées, nombreuses étaient celles qui établissaient le lien entre ces deux révolutions, non sans mettre l'accent sur le caractère pacifique qui différencie celle d'aujourd'hui de celle de 1954. "1er Novembre 1954 : révolution armée pour la libération du pays. 1er Novembre 2019 : révolution pacifique pour le recouvrement de la souveraineté du peuple. L'union est notre adresse, le sacrifice est notre slogan, la liberté est notre objectif", lit-on sur une large pancarte brandie par l'imam d'une des mosquées de la ville. "Le combat de nos glorieux chouhada ne doit pas être vain. Le peuple algérien uni et indivisible ne peut plus vivre dans l'indignité. Il aspire à un Etat indépendant, juste, civil et prospère. Gloire à nos martyrs du 1er Novembre 1954 jusqu'au 1er novembre 2019", "Novembre 1954 a chassé l'ennemi extérieur, novembre 2019 va chasser l'ennemi intérieur", "Rassurez-vous, Monsieur Bouregâa, le peuple poursuit votre combat de 1954", lit-on, entre autres, sur ces nombreuses pancartes brandies aux côtés de centaines de portraits de détenus du mouvement populaire, de slogans réclamant leur libération et du drapeau national et de l'emblème amazigh qui flottaient par milliers. Mais, cela dit, l'impressionnante marée humaine qui a déferlé sur la ville des Genêts n'a pas oublié les revendications d'aujourd'hui. "L'ère des présidents marionnettes n'est pas dans l'esprit de la nouvelle génération", "Quand l'injustice est érigée en loi, la révolution devient un devoir et un droit", "Le rejet de l'élection est un devoir national", "Non au bradage de notre avenir", "Nous réclamons l'application de l'article 2019 : Yetnehaw gâa", "Cessez de vous leurrer, l'élection n'aura pas lieu sans la volonté du peuple", lit-on sur certaines des pancartes brandies par cette foule en furie qui scandait "Istiqlal"… À Tizi Ouzou, le peuple a fait, hier, sa seconde révolution.