Le projet de loi sur les hydrocarbures ne répond pas aux défis de l'heure a estimé, hier à Alger, Abdelmadjid Attar, ancien P-DG de Sonatrach, lors d'une rencontre-débat sur "la problématique du développement du secteur de l'énergie en Algérie", organisée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Pour l'ancien P-DG de Sonatrach, "il est impossible de découvrir encore des gisements d'hydrocarbures de la taille de Hassi R'mel et même moyens". M. Attar est convaincu que le projet de loi sur les hydrocarbures, même s'il le juge globalement bon, "n'aura aucun impact sur les réserves et la production". Le texte ne pourrait induire, éventuellement, une augmentation des réserves ou de la production, que dans 5 ans ou plus. Faut-il changer la loi ? Oui, répond sans ambages M. Attar, pour renouveler les réserves, tout au moins maintenir le niveau actuel de la production. L'ancien P-DG de Sonatrach a constaté que la production a baissé de 18% de 2008 à aujourd'hui. Parallèlement, la consommation augmente de 7 à 8% chaque année et les exportations diminuent. Pour autant, M. Attar estime que les institutions intérimaires actuelles n'ont pas à étudier ou à approuver un texte aussi important. Pour lui, il appartient aux futures institutions de le faire. L'ancien P-DG de Sonatrach pense que cette loi aurait dû faire l'objet d'un débat dans le cadre d'une politique énergétique globale. "Une nouvelle loi sur les hydrocarbures ne revêt aucune urgence", a-t-il déclaré. Le projet de loi sur les hydrocarbures examiné par la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de l'APN "ne répond pas aux problèmes du pays, aussi bien du point de vue pétrolier et gazier que du point de vue financier et de la rente", soutient l'ancien patron de Sonatrach. Le texte ne prend pas également en charge les questions liées à la transition et au modèle de consommation énergétique. Sur un autre plan, M. Attar signale que l'attractivité du domaine minier ne dépend pas seulement de la fiscalité. Au-delà de la loi, les compagnies pétrolières attachent beaucoup d'importance à la stabilité législative. La plupart des compagnies qui opèrent en Algérie se plaignent de la bureaucratie. L'attractivité de l'Algérie est liée, aussi, au domaine minier lui-même, à la taille des découvertes, aux technologies et aux investissements nécessaires. L'ancien P-DG de Sonatrach soutient que dans les 7 prochaines années, il sera pratiquement impossible "de renouveler 10% de ce qu'on a consommé". Pour le professeur Chems Eddine Chitour, le projet de loi sur les hydrocarbures "est un non-événement". Il estime qu'il faut traiter la problématique du développement du secteur des hydrocarbures dans le cadre d'une vision d'ensemble. "Nous sommes en train de nous noyer dans un verre d'eau, alors qu'un tsunami est derrière nous", regrette-t-il, évoquant les besoins de consommation à l'horizon 2030. Pour le professeur Chems Eddine Chitour, il ne devrait pas y avoir de loi sur les hydrocarbures. "Il devrait y avoir une loi sur la transition énergétique", a-t-il suggéré, plaidant pour des états généraux. La transition énergétique sera, d'ailleurs, le premier dossier sur lequel se penchera le think tank lancé par le Forum des chefs d'entreprise.