Ne sachant plus quoi faire face à la détermination de Téhéran et Pyongyang de continuer leur programme nucléaire respectif, Bush concède à un partage des tâches sur ces dossiers en jouant le multilatéralisme. Le président américain a souligné à de multiples reprises ces derniers jours qu'il ne travaillait désormais plus seul sur la scène internationale, notamment sur le dossier sensible du nucléaire. Evoquant les difficiles négociations des Européens avec Téhéran, longtemps vues avec scepticisme par Washington, Bush devait rappeler vouloir travailler plus étroitement avec les trois pays de l'UE (France, Grande-Bretagne et Allemagne) en négociation avec les autorités iraniennes pour les contraindre à ne pas produire de l'uranium enrichi, une étape considérée comme étant la dernière avant la fabrication de la bombe atomique. De même, à l'issue de négociations-marathon à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon, Chine et Russie) à Pékin, le porte-parole du département d'Etat, Adam Ereli, a remercié Pékin pour avoir fait progresser le dossier en élaborant les projets de résolution, qui vont servir de base à la poursuite des négociations. Il y aurait un changement de ton avec la deuxième administration Bush, selon Brookings Institution, qui rappelle que son premier mandat avait été marqué par de vives polémiques sur la scène internationale. Une conclusion à laquelle parvient le centre d'études indépendant New America, qui estime que la capacité de Bush à agir unilatéralement a été grandement réduite par la guerre en Irak. Avant de succéder en janvier à Colin Powell, la nouvelle secrétaire d'Etat Condoleeza Rice ne s'était-elle pas engagée à tenir davantage compte de l'avis des alliés des Etats-Unis. Le temps de la diplomatie est venu, avait-elle déclaré, soulignant que l'interaction américaine avec le reste du monde doit se fonder sur le dialogue, pas le monologue. Mais, d'autres experts doutent sur cette nouvelle disposition de Bush à l'écoute de l'étranger et restent persuadés que le locataire de la Maison-Blanche n'est pas près de faire des concessions. Dans le cas du dossier nucléaire iranien, Téhéran souhaite de Washington non seulement des garanties et des concessions économiques, mais aussi une reconnaissance diplomatique. Tant que Bush n'offre pas cela, les Britanniques, les Français et les Allemands échoueront. Le nouveau président iranien a mis en garde Bush qu'il répliquera à une éventuelle attaque, envisagée par Washington pour empêcher la République islamique de se doter de l'arme nucléaire. La Corée du Nord souhaite elle aussi la reconnaissance diplomatique de Washington. D. B.