La décision de Pyongyang de se retirer du Tnp a été unanimement condamnée. La crise du nucléaire nord-coréen est montée d'un cran vendredi après l'annonce par Pyongyang de son retrait du traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Cette décision que de nombreuses capitales ont considérée comme négative approfondit un peu plus le contentieux américano-nord-coréen. Aussi, la condamnation de cette décision a-t-elle été unanime dès l'annonce par la Corée du Nord de son retrait du TNP. Annonce qui aggrave la crise du nucléaire ouverte en décembre dernier par la décision de Pyongyang de reprendre sa liberté par rapport à l'accord liant la Corée du Nord et les Etats-Unis, avec en point d'orgue le gel du programme nucléaire nord-coréen en contrepartie de livraison de pétrole à la Corée du Nord par les Etats-Unis. Se trouvant dans une situation à tout le moins dramatique, la Corée du Nord semble ainsi avoir choisi la manière forte, sinon spectaculaire de réactiver son programme nucléaire, interpellant en fait par là la communauté internationale. Celle-ci prenant le problème au premier degré a condamné d'abord la reprise du programme, mis en cause, pour dire ensuite toute sa réprobation après le retrait de Pyongyang du TNP. Toutefois, malgré ces condamnations les principaux intervenants veillent à ne fermer aucune porte susceptible de déboucher sur une solution de la crise. Ainsi, à Vienne, l'Agence internationale pour l'Energie atomique (Aiel) tout en estimant que «la décision nord-coréenne constitue une menace pour la paix internationale et la sécurité dans la péninsule coréenne», reconnaît cependant qu'il «reste encore du temps pour le dialogue». Lui faisant écho, son directeur, Mohamed El Baradei, qui se trouve à Washington appuie la déclaration de l'Aiea, soulignant que «la communauté internationale était prête à s'engager dans un dialogue avec la Corée du Nord (...), mais non sous la menace d'un chantage nucléaire». Cette apparente réserve est également celle du président américain, George W.Bush, lequel dans une communication téléphonique, vendredi, avec son homologue chinois Jiang Zemin, a lui aussi «souligné que les Etats-Unis n'ont pas d'intention hostiles (...) et cherchent une solution pacifique multilatérale». Dans une sorte de partage des tâches, c'est le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui affirme: «Nous espérons que les dirigeants nord-coréens réaliseront la folie de leurs décisions et le fait que les Etats-Unis et la communauté internationale ne seront pas intimidés». Si donc la communauté internationale condamne sans réserve la décision de la Corée du Nord de revenir sur ses engagements internationaux sur son programme nucléaire, de son côté, le gouvernement de Pyongyang justifie sa décision en affirmant que «le retrait du TNP est une mesure légitime d'autodéfense contre les actions américaines pour étouffer la RDPC et le comportement déraisonnable de l'Aiea qui, suit les Etats-Unis», la Corée du Nord affirmant toutefois n'avoir «aucune intention de produire des armes nucléaires». «Nos activités nucléaires à ce stade seront limitées à des fins pacifiques telles que la production d'électricité», insiste le gouvernement nord-coréen. De fait, conciliant, un diplomate nord-coréen en poste à Pékin, a laissé entendre hier que «si les Américains reprennent les livraisons de pétrole, nous pourrons revoir notre position». Déclaration nuancée toutefois par celle de l'ambassadeur nord-coréen à Pékin, Choe Kim-Su, lequel a indiqué que «le moratoire sur les tirs de missiles ne fera pas exception maintenant que les Etats-Unis ont rendu invalides tous les accords conclus entre les Etats-Unis et la République populaire et démocratique de Corée». Ce qui dénote que Pyongyang, tout en cherchant à dialoguer, semble aussi prêt à aller loin dans son bras de fer avec les Etats-Unis. Dans le cadre de cette affaire, il est prévu que le Conseil de sécurité se réunisse dans le courant de la semaine, alors que les 35 gouverneurs de l'Aiea se retrouveront, mercredi, à Vienne pour étudier le dossier nord-coréen, pour, saisir le Conseil de sécurité quant «aux éventuels manquements d'un Etat membre».