Le 38e acte de mobilisation, hier, a tenu toutes ses promesses. Aussi déterminés que la semaine dernière, les étudiants étaient nombreux à réitérer les revendications du peuple. Ce nouveau rendez-vous du mardi a été marqué par la composition de nouveaux slogans adaptés à l'actualité notamment le premier procès des manifestants du hirak. En somme, le 38e mouvement de contestation estudiantine intervenait au lendemain du "sévère" verdict prononcé par le tribunal de Sidi M'hamed à l'encontre des jeunes qui avaient brandi des drapeaux amazighs. Ils ont ainsi envoyé des messages forts aux juges du tribunal de Sidi M'hamed. Par l'ambiance qui régnait, avant le démarrage de la marche, de la place des Martyrs et de la rue Bab Azzoun, les étudiants ont encore démontré que leur mobilisation se porte bien. Accompagnés de leurs tuteurs, la marche des jeunes manifestants s'est mise en branle, vers 10h45 depuis la place des Martyrs en direction du nouveau lieu de ralliement, la place Audin. Un imposant dispositif policier été déployé tout le long de l'itinéraire emprunté par les marcheurs. Les étudiants commencent par scander des slogans hostiles au système politique et aux magistrats. L'ingéniosité était au rendez-vous pour dénoncer le jugement rendu concernant les 42 détenus d'opinion qui ont été condamnés la veille à des peines d'emprisonnement. "Juges de Sidi M'hamed au service du régime", "L'ère de la justice du téléphone n'est pas révolue". La procession avance. Brandissant des pancartes qui résument les revendications de millions d'Algériens, les hirakistes ont continué à battre le pavé jusqu'à l'entame de la rue Abane-Ramdane où un cordon de sécurité a été mis en place pour empêcher les manifestants de rallier le tribunal de Sidi M'hamed. Les universitaires marquent alors une longue halte en entonnant des chants hostiles aux tenants du pouvoir. Un autre groupe d'étudiants parade tout au long de la rue Ali-Boumendjel en criant : "Libérez nos prisonniers" ou encore "Nous réclamons l'indépendance de la justice". En dépit de la pluie conjuguée au froid automnal, les jeunes universitaires ont suivi le parcours du hirak "réorganisé", jusqu'à la place Audin, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, l'avenue Mohamed-Khemsiti et le boulevard Amirouche, puisqu'hier, l'avenue Pasteur était fermée à la circulation et aux manifestants en raison des travaux de réparation d'une importante canalisation d'eau qui a éclaté. Poursuivant leur marche, les manifestants ont entonné en tamazight "Il n'y aura jamais de vote cette année" et "On ne reculera qu'après le départ du dernier valet du régime". D'autres banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Le mur de Berlin est tombé il y a 30 ans, il adviendra de même pour le mur d'Alger", ou encore "Le vote du 12 décembre est une trahison". À l'issue de la marche, les étudiants se sont séparés aux cris de "Libérez l'Algérie", en se donnant un nouveau rendez-vous pour vendredi et mardi prochains. Hanafi H.