La compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach vient de confier au consortium formé par Tecnicas Reunidas, une entreprise espagnole, et Samsung, une société sud-coréenne, un contrat clé en main portant sur l'ingénierie, l'approvisionnement et la construction d'une nouvelle raffinerie pétrolière à Hassi-Messaoud. L'installation en projet sera une raffinerie à conversion profonde, c'est-à-dire qu'elle utilisera des procédés complexes de raffinage afin de maximiser la production. D'une capacité de 5 millions de tonnes par an, elle coûtera environ 4 milliards de dollars. Est-il opportun cependant de mettre en place une raffinerie à Hassi-Messaoud ? Cette question, Ali Kefaïfi, expert en énergie, se la pose en s'appuyant sur des arguments et en mettant en avant des hypothèses plausibles. Il dira ainsi que, du point de vue économique, ce projet "semble irrationnel", exprimant d'ailleurs des doutes quant à la "rentabilité" de cette installation, vu la distance géographique qui sépare "le centre de production (Hassi-Messaoud) et le centre de consommation (le nord)". Par ailleurs, M. Kefaifi déclare que cette raffinerie sera alimentée en "pétrole lourd". Pour quel objectif final ? Pour produire "du gasoil, et non pas des produits légers", souligne-t-il. Ce gasoil sera utilisé, selon les hypothèses qu'il a établies, dans "l'exploitation du gaz de schiste (roches-mères) et du tight-oil (roches compactes)". Ce produit pétrolier, ajoute-t-il, servira ainsi à "confectionner des boues de forage de puits de gaz et de tight-oil sur les sites". Ali Kefaïfi explique, en outre, qu'il faut une production "assez importante en gasoil nécessaire à un rythme soutenu de forage (environ 2 000 puits)". C'est étonnant, mais tout semble indiquer que les produits raffinés issus de la future plateforme ne seront pas destinés au consommateur. Le gouvernement avait annoncé en 2016 qu'il envisageait de construire quatre raffineries dans le but de devenir autosuffisant, d'arrêter ainsi d'importer des carburants et de réaliser des économies. La construction d'une raffinerie à Hassi-Messaoud dont l'entrée en production est prévue pour 2022, s'ajoute à celle de Tiaret qui est en projet. Sept sociétés ont présenté des dossiers techniques suite à l'appel d'offres lancé par Sonatrach pour la réalisation de l'installation de Hassi-Messaoud. Dans sa stratégie de couverture des besoins nationaux en carburants et en attendant la mise en place des nouvelles capacités locales de traitement et de transformation d'hydrocarbures, Sonatrach a racheté fin 2018 Esso Italiana (filiale à 100% d'ExxonMobil), une raffinerie qui devrait couvrir les déficits algériens en essence et en gasoil sur le moyen terme (2018-2022).