À l'association Djazaïrouna, l'on demande que soit respecté “le devoir de mémoire et de justice” pour les victimes du terrorisme. Les familles victimes du terrorisme ne se posent pas en opposants à la Charte présidentielle portant sur la paix et la réconciliation nationale. Il posent plutôt leurs conditions pour une véritable réconciliation nationale à même de mettre définitivement fin à la décennie noire. C'est notamment le cas de l'association Djazaïrouna et de Somoud. Chérifa Kheddar, la président de Djazaïrouna, Association des victimes du terrorisme de Blida dira à ce sujet que “Djazaïrouna soutiendrait un projet de réconciliation nationale qui préserverait en premier lieu les intérêts matériels et moraux des victimes du terrorisme islamiste dont le devoir de mémoire et de justice”. Aux yeux de Chérifa kheddar “aucune mesure ne peut être prise à l'encontre des victimes civiles consacrées par la convention de Genève selon laquelle les crimes contre l'humanité perpétrés contre les civils en Algérie ne peuvent être absouts par les électeurs car les droits non soumis à l'approbation de la majorité”. De son côté, Chérifa Kheddar préconise une réconciliation nationale qui consacre les principes de la légalité et du droit national et international. En ce sens que “la substitution de la justice transitionnelle par la justice traditionnelle doit réunir certaines conditions”, dit-elle. Autrement dit “la préservation de la mémoire collective par les moyens de l'Etat, l'édification de stèles sur les lieux d'assassinats individuels et collectifs, la consécration d'une journée nationale à la mémoire des victimes du terrorisme, l'écriture de l'histoire de l'intégrisme en Algérie et son corollaire le terrorisme, l'élaboration d'un statut pour les victimes, l'établissement du bilan de la concorde civile et de la grâce amnistiante ainsi que l'établissement des enseignements énumérés par le DGSN (Ali Tounsi) lors de ses dernières déclarations”. Même état d'esprit chez Ali Mérabet, le président de Somoud, l'Association des familles des enlevés par les terroristes. “C'est une grosse déception, car nous nous attendions à ce que le Président prenne des dispositions à l'égard de toutes les catégories de victimes, mais il n'a fait que parler d'amnistie à l'égard de certains. Et il nous a classé dans le rang des opposants à la paix et à la réconciliation”, dira-t-il avant de marteler “non, c'est totalement faux, nous ne sommes pas contre la paix”. Se refusant d'adopter la position de l'opposant, Ali Merabet revendique comme condition sine qua none à la réussite de la réconciliation nationale “le devoir d'écouter les victimes et de se consulter avec elles car elles sont les principales concernées”. Aussi il revendique la demande de pardon de la part des terroristes : “nous sommes prêts à écouter la demande de pardon et de repentance des terroristes et c'est aux familles de décider de le leur accorder ou non !” dit-il. Aussi revendique-t-il le droit à la vérité et à la justice par rapport aux victimes enlevées par les groupes terroristes. “Sinon, ce ne sera pas une charte pour la réconciliation, ce sera une charte pour l'impunité”, affirme Mérabet. NADIA MELLAL