Outre celui rejetant l'élection présidentielle, les slogans les plus scandés sont ceux qui expriment la colère du peuple contre les magistrats, qui continuent à condamner les porteurs du drapeau amazigh. À moins d'un mois de l'élection présidentielle du 12 décembre, la mobilisation ne fait que se renforcer à Tizi Ouzou où, hier encore, un impressionnant tsunami humain a déferlé sur la ville des Genêts pour crier, comme un seul homme, son rejet de cette mascarade électorale et réaffirmer son attachement profond à une transition démocratique qui va balayer le système pour ouvrir la voie à un Etat de droit réclamé depuis le 22 février. Ce sont, en effet, des centaines de milliers de manifestants qui ont participé à cette 39e marche qui n'a rien à envier, en termes de mobilisation, à celle du 1er novembre dernier et à celles des premières semaines de la révolution populaire. La couleur a été annoncée dès 13h, lorsque le tronçon séparant l'université Mouloud-Mammeri du stade du 1er-Novembre s'est révélé encore une fois trop exigu pour contenir cet intarissable flot humain qui venait de partout. Les agréables conditions climatiques aidant, ils étaient déjà des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, de vieux et d'enfants à être présents au départ de la marche, peu avant 14h. Dans une parfaite organisation, jamais vue auparavant, l'immense foule avançait alors vers le centre-ville telle une boule de neige qui ne cessait de grossir au fur et à mesure qu'elle absorbait les nombreux manifestants qui arrivaient en sens inverse. Au centre-ville, le décor des plus grandes marches qu'a connues Tizi Ouzou est vite planté. Il était quasiment impossible de se frayer un chemin, même sur le trottoir. Tout le parcours de la marche était noir de monde. Des milliers de pancartes de même format et portant des slogans écrits en rouge sur fond blanc ont été brandies par les manifestants qui, hier, ont surtout insisté sur le rejet de l'élection présidentielle. Sur ces pancartes brandies dans tous les carrés de la marche, on pouvait lire, en français, en tamazight et en arabe tous les slogans phare de la révolution populaire. "Makanch intikhabat mâa l'îssabat", "Ulac l'vote ulac", "Non à l'élection de la honte", "Dawla madania machi aâskaria", "Non à la mascarade électorale", "Oui à une transition démocratique", lit-on ainsi sur tout le parcours de la marche. À travers une autre large banderole, des manifestants promettent que "la prochaine bataille contre l'îssaba aura lieu dans les écoles les 10, 11 et 12 décembre". "Les descendants des chouhada reviennent pour libérer l'Algérie. L'Algérie n'est pas à vendre", lit-on encore sur une autre brandie par des filles de chahid. Outre celui rejetant l'élection, les slogans les plus répandus sont ceux qui expriment la colère du peuple contre les magistrats, qui continuent à condamner les porteurs du drapeau amazigh. "Au pays de Sidi M'hamed, la justice obéit au téléphone", "El-qodhat tbâaou bedinar", "De Sidi M'hamed à Bab El-Oued : quelle lecture faire !", "À bas la répression, non à l'instrumentalisation de la justice contre la démocratie", lit-on encore sur des pancartes mêlées aux nombreux portraits des détenus emprisonnés pour port du drapeau amazigh et ceux d'opinion, dont Bouregâa, Karim Tabbou et tous les autres.