Ces deux salles, qui ont fait le bonheur des cinéphiles d'antan, sont fermées depuis presque 30 ans à Tlemcen. Il s'agit du Lux et du Rex qui se trouvent désormais abandonnées et dans un état de délabrement avancé. En passant à côté de ces salles, on se souvient de cette belle époque où les ruelles grouillaient de monde avant la projection d'un film. Le Rex, baptisé depuis El-Kawkab, projetait des films hindous, entre autres Aradahna, Mangala et Janitou. Des films western ou d'action comme Hercule. Le Lux quant à lui était connu pour le western qui battait son plein aux côtés d'autres films comme L'Araignée, Fantomas, Dracula, Les Cheyennes, Django et bien d'autres. Chaque après-midi et chaque soir les ruelles qui mènent à ces deux salles étaient en effervescence. Les uns faisaient la chaîne pour avoir le ticket, d'autres contemplaient l'affiche. Alors que de l'autre côté de la rue s'érigeait un marché noir des tickets. L'ambiance était beaucoup plus caractérisée par les vendeurs à la sauvette de magazines ou de bandes dessinées, à l'image de Blek le Roc, Zembla, Akim. Ainsi et jusqu'en 1978, les lycéens internes des lycées Dr Benzerdjeb ou Cdt Ferradj attendaient avec impatience l'après-midi de chaque lundi pour pouvoir suivre un film. Or et depuis plus de 30 ans, ces deux salles demeurent abandonnées à leur sort. Selon des réalisateurs de la ville de Tlemcen, les cinéphiles font défaut, et les salles rénovées n'intéressent plus le public faute de projection de nouveaux films, comme ce fut le cas auparavant. Pourtant, ces deux salles étaient concernées par une opération de réhabilitation à la faveur de la manifestation "Tlemcen capitale de la culture islamique 2011". Malheureusement, l'APC a refusé de signer le désistement de ce patrimoine au profit du ministère de la Culture. Pour le cinéma le Lux, un problème d'héritage a bloqué le projet. Il est important de noter que Tlemcen avait bénéficié en 2011 d'un projet de réhabilitation de la nouvelle cinémathèque Djameleddine-Chenderli. Celle-ci a été entièrement rénovée et éaquipée de matériel de projection à la faveur de la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique", après être restée à l'abandon pendant de nombreuses années. Selon Dr Mohamed Bensalah, chercheur au Crasc (Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle), cinéaste et universitaire à l'université d'Oran, "le débat concernant l'état des salles de cinéma mérite à lui seul tout un chapitre". Et de reprendre : "Les communes, les collectivités locales, les exploitants et les distributeurs doivent s'impliquer et trouver des solutions pour rénover ces salles et les rendre fréquentables. La rénovation des salles devrait constituer une priorité. À l'instar des autres pays, il faut songer à mettre en place des incitations fiscales aux petits et grands producteurs nationaux et étrangers afin qu'ils puissent venir en grand nombre toute l'année et faire travailler plus de techniciens algériens." Selon lui, il y a urgence à poser les premiers jalons d'une nouvelle configuration du paysage cinématographique et audiovisuel algérien. Cette dernière constituera le signe évident du réveil d'une cinématographie trop longtemps engoncée dans le marasme et le désespoir. En conclusion, a-t-il estimé, "il faut d'abord mettre tous les problèmes sur table, organiser des états généraux sur le cinéma. Pleurnicher sur la longue agonie du cinéma national ne remettra pas les pendules à l'heure ! Beaucoup de choses restent à faire. Il faut investir dans la formation, une formation adéquate et pas de pure forme. La cinémathèque doit jouer son rôle véritable. La restauration et la conservation du patrimoine filmique doivent constituer ses préoccupations principales". En effet, il n'est pas normal qu'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, il n'existe pas une chaire de cinéma dans les universités du pays.