L'homme d'affaires et ex-député RND de la wilaya de Béjaïa, Omar Alilat, a été placé en détention provisoire, hier, au terme d'une enquête judiciaire menée par la section de recherches de la Gendarmerie nationale de Bab J'did (Alger) relative à une affaire de corruption. Ancien homme de main d'Ahmed Ouyahia auquel il doit ses deux mandats parlementaires, ce milliardaire natif de la région de Sidi Aïch (Béjaïa) est connu pour sa proximité avec le candidat à la présidentielle du 12 décembre Abdelmadjid Tebboune. Bien qu'il traîne beaucoup de casseroles, l'on croit savoir qu'il serait accusé de "collecte illégale de fonds" et de "financement occulte de campagne électorale". Omar Alilat avait eu déjà à collecter des fonds chez des opérateurs économiques de la wilaya de Béjaïa, alors qu'il était à la tête du directoire de campagne électorale du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, dans la même région. Bien avant son entrée au Parlement, à la faveur des législatives de mai 2007, il avait déjà brassé des affaires commerciales avant d'être désigné par Ahmed Ouyahia comme premier responsable du RND à Béjaïa. Il s'est d'abord lancé dans le commerce de boissons alcoolisées en créant son entreprise "Carrefour distribution", basée dans la zone d'activité d'El-Kseur, avant de devenir un distributeur exclusif de la bière française "Castel". Pour monter ce projet, M. Alilat avait dû contracter un prêt auprès de la Banque de développement local (BDL), agence 134 de Sidi Aïch, d'un montant de 142 226 604,26 DA, soit plus de 14 milliards de centimes. Un crédit bancaire qu'il ne remboursera jamais, bénéficiant de l'impunité que lui offre son immunité parlementaire. Après sa réélection à l'Assemblée populaire nationale (APN) en 2012, sous les couleurs de son parti (RND), il tissera des relations intimes avec des figures de la nomenklatura d'Alger, notamment avec l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines sous Bouteflika Abdeslam Bouchouareb. Sa proximité avec ce ministre controversé, qui croisait le fer avec le patron du RND d'alors, Ahmed Ouyahia, lui a valu son exclusion du parti. Ensuite, son rapprochement avec le frère du président déchu Saïd Bouteflika et avec Abdelmadjid Tebboune lui permettra de connaître une ascension spectaculaire dans le domaine du business à Alger, où il ouvre un bureau d'affaires et achète une somptueuse villa sur les hauteurs de la capitale. Tout le monde se souvient de ces images diffusées par les chaînes de télévision algériennes montrant Omar Alilat aux côtés d'Abdelmadjid Tebboune, alors qu'il était Premier ministre, en voyage en Moldavie. Omar Alilat avait été également cité dans un scandale de corruption, révélé en juillet 2016 par le quotidien espagnol El Mundo. Il serait impliqué, selon la même source, dans une scabreuse affaire de pots-de-vin qu'il aurait touchés en euros, en contrepartie de son intervention en faveur de la société espagnole Elecnor, à l'effet de décrocher un projet avec l'Algérienne des eaux (ADE).