Outre le nombre en augmentation des manifestants tués et blessés, le HCR a fait cas de plusieurs plaintes reçues en lien avec l'enlèvement de militants et de journalistes. Le bilan de la répression meurtrière menée contre les manifestants en Irak inquiète profondément le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCR) qui a déploré la mort d'au moins 11 manifestants, tous tués par balles réelles, entre le 21 et le 24 novembre, à Bagdad et dans plusieurs villes du Sud. Dans un document détaillé, rendu public hier, l'ONG a appelé les autorités irakiennes à cesser l'usage de la "violence excessive" contre les protestataires pacifiques. "Le HCR suit de très près la situation en Irak. Il constate qu'il y a un recours excessif à la violence par les forces de sécurité. Il s'agit d'une violation flagrante du droit à la vie, à la sécurité et à la sûreté", ont écrit les rédacteurs de ce rapport sur la répression en Irak. "En trois jours, 11 manifestants, 1 à Bagdad, la capitale, 7 dans la province de Dhi Qar près des ponts (Olive et Victoire) et 3 à Bassorah/Umm Qasr, dans le Sud, ont été assassinés par des balles réelles", a indiqué l'organisation de défense des droits de l'homme, ajoutant que près de "300 personnes ont été blessées, durant la même période, lors des différentes interventions des forces de sécurité contre les manifestants". Contrairement aux chiffres officiels donnés par les autorités irakiennes, évoquant la mort de 131 personnes depuis le début de la contestation, plusieurs ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, estiment que le nombre de manifestants tués depuis le 1er octobre, dépasse aujourd'hui les 330 personnes. Dans son document, le HCR s'est alarmé en outre des vagues d'arrestations, près de 200 personnes, qui ont accompagné les descentes policières effectuées parfois durant la nuit. "De jeudi à dimanche, le HCR a signalé l'arrestation de 93 manifestants dans le gouvernorat de Bagdad, dont 14 ont été libérés, 34 à Kerbala, 38 dans la province de Bassora, et 22 dans le gouvernorat de Dhi Qar." Illégales, ces arrestations, estime le HCR, doivent cesser immédiatement. L'organisation de défense des droits de l'homme a lancé un appel urgent au Conseil suprême de justice demandant la libération de tous les manifestants pacifiques. La question des enlèvements, niée par les autorités irakiennes, a également été évoquée dans le compte rendu du HCR qui dit recevoir régulièrement des plaintes en lien avec des enlèvements d'activistes politiques, de militants, de professionnels des médias, d'avocats et de commerçants. L'ONG demande au gouvernement et aux services de sécurité d'enquêter sur ces affaires afin de connaître le sort de ces personnes, mais également pour traduire les commanditaires devant la justice. Outre le HCR, l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme, inquiet de la situation en Irak, a adressé hier une lettre à l'Union européenne ainsi qu'aux gouvernements français et allemand, les exhortant à faire pression sur le gouvernement irakien pour qu'il mette un terme à l'utilisation de la force meurtrière contre les manifestations populaires en cours. Il a appelé à une enquête immédiate et sérieuse sur les meurtres commis par les forces de sécurité et les enlèvements de manifestants pacifiques, de journalistes et de défenseurs des droits de l'homme.