L'ONG Human Rights Watch a affirmé hier dans un communiqué que les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes directement sur les manifestants à Bagdad et dans d'autres villes irakiennes. Au moins 12 manifestants ont été tués dans la nuit de jeudi à hier à Bassorah, dans le sud de l'Irak, selon le dernier bilan qui porte le nombre de victimes de la répression des manifestations à près de 300 victimes depuis le 1er octobre, selon les médias irakiens. Les victimes ont été tuées à la veille de troisième vendredi de contestation qui a rassemblé des milliers de personnes à Bagdad et dans plusieurs villes du pays, où des secteurs entiers ont rejoint le mouvement de contestation du régime en place, coupable lui aussi de corruption et d'incompétence, comme cela est le cas au Liban où le gouvernement a été contraint fin octobre à la démission. Un premier bilan avait fait état de sept morts à Bassorah et de quatre autres victimes dans la capitale Bagdad, selon des sources médicales. Les services de sécurité ont tenté en effet de chasser jeudi les manifestants des principales places publiques à Bagdad et à Bassorah, où plusieurs axes routiers sont bloqués par les Irakiens, qui réclament la chute du régime. À Kerbala, des milliers d'Irakiens sont également sortis dénoncer le régime corrompu de Bagdad, rejetant aussi la réduction de leur mouvement à des revendications confessionnelles visant la communauté chiite au pouvoir depuis la chute de l'ancien régime (sunnite) de Saddam Hussein en 2003, après l'invasion américaine de l'Irak. Mais l'intervention meurtrière de la police, qui tire à balles réelles et utilise des gaz lacrymogènes de plus en plus puissants et innervants, n'a découragé nullement les manifestants, déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Parallèlement, les ONG et les organisations onusiennes sont une nouvelle fois montées au créneau pour dénoncer l'usage excessif de la force, dans l'intention de tuer des manifestants pacifiques. Hier, l'ONG Humain Rights Watch (HRW) a publié un nouveau rapport accablant les autorités irakiennes, accusées d'avoir "tiré des cartouches de gaz lacrymogènes directement sur les manifestants à Bagdad, à plusieurs reprises depuis la reprise des manifestations le 25 octobre 2019, faisant au moins 16 morts", lit-on dans un communiqué rendu public sur son site. "Selon un rapport de la Manui (Mission d'assistance des Nations unies en Iraq) datant du 5 octobre, le nombre de morts dans l'ensemble du pays s'élève à au moins 97", rappelle HRW, alors que le Centre irakien de documentation sur les crimes de guerre évoque le chiffre de 2500 arrestations et disparitions depuis le début des manifestations et dont sont rendues responsables les forces de sécurité, a rapporté la chaîne de télévision locale Al-Rafidayn. Des milices pro-régime sont également accusées d'être derrière plusieurs enlèvements à Bagdad et dans les villes où les manifestations s'accentuent de jour en jour, a affirmé la même source qui a fait état de la disparition de 30 militants et journalistes dans le sud de l'Irak durant les deux premières semaines de manifestations en octobre dernier.