"Les femmes doivent en parler, signaler et dénoncer chaque acte si nous voulons avancer", a estimé Mme Ouahiba Hmaïli. La femme algérienne continue de subir le diktat de la violence et de l'arbitraire et constitue, malheureusement, l'une des catégories les plus vulnérables de la société, où le règne du sexe opposé a visiblement tendance à outrepasser les lois. Hier, la commissaire de police et responsable au bureau national de protection des catégories vulnérables à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Ouahiba Hmaïli, a révélé que l'Algérie a enregistré 5 620 cas de violence faite aux femmes lors des neuf premiers mois de l'année en cours. Intervenant au Forum de la DGSN à l'occasion de la célébration de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et de la Journée internationale des droits de l'enfant, Mme Hmaïli a affirmé : "Les femmes sont victimes de différents types de violence. La violence physique est la forme la plus pratiquée contre les femmes, certes, mais on enregistre davantage de cas liés au dommage moral et psychologique. Et ce sont ces cas qui inquiètent le plus car, souvent, les violences physiques ne sont pas forcément signalées." Selon cette responsable, les services de police ont recensé d'autres types de violence, comme le harcèlement sexuel en milieu professionnel ou familial, et dans la rue. "Il est vrai que les agressions sexuelles constituent un tabou chez nous, mais les femmes doivent en parler, signaler et dénoncer chaque acte si nous voulons avancer", indique Mme Hmaïli. Evoquant la violence en milieu familial, le professeur Mustapha Khiati, président du Forum pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), a estimé que "la femme subit souvent les dégâts collatéraux liés à la défense de ses enfants. Cette violence est liée à un environnement hostile à la femme et à son épanouissement". En outre, déplorent les participants, "les services de police enregistrent, au quotidien, des plaintes et des appels sur le numéro vert. Après, la femme violentée retire souvent la plainte déposée contre son agresseur. La femme algérienne s'acquitte de tous les rôles et ne pense pas à son statut de victime, mais plutôt au regard porté par la société et la famille". Ainsi, chaque année, une moyenne de 800 plaintes sont retirées par les victimes, ce qui constitue "une contrainte pour les législateurs et les services de police de proposer d'autres mécanismes pour juguler ce fléau". Du reste, la DGSN compte, très prochainement, mettre au point un guide contenant les prestations destinées à la femme, notamment sur l'information d'ordre juridique, comme le dépôt de plainte ou l'introduction d'action. Par ailleurs, Mme Hmaïli a révélé que la DGSN a enregistré, durant la même période, 4 597 cas de violence faite aux enfants, dont 2 499 cas de coups et blessures volontaires (CBV), 1 390 cas d'abus sexuels, 232 cas de détournement et de kidnapping, 5 infanticides involontaires et 7 autres volontaires. Outre ces chiffres qui donnent le tournis, la DGSN a réussi à réintégrer, en milieu familial, 3 200 enfants et a placé 287 autres victimes dans des centres spécialisés, alors que 330 cas de fugue ont été traités durant la même période. Enfin, révèle Mme Hmaïli, les services de police ont reçu 48 226 appels de détresse sur le numéro vert 104 dédié au détournement et à l'enlèvement d'enfants. FARID BELGACEM