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Les marins, ces oubliés des “terriens”
Sortie nocturne en mer à bord du sardinier “le sidi slimane”
Publié dans Liberté le 18 - 08 - 2005


Qui boude l'autre, l'Algérien ou le poisson ?
À voir la désolation des étals et les prix prohibitifs des produits de la mer, on croirait qu'il n'y a plus de marins dans ce pays. Ils existent, pourtant ; notre collaborateur les a rencontrés. Reportage sur le Sidi Slimane, un sardinier de 25 m.
Elizane. Voilà un bled mortel, un village qui se veut métropole et qui, depuis que son église a été transformée en marché à prêches assassins, a perdu tous ses repères. Toutes aspérités. Ce qui devait devenir ville est devenu douar, champs pour serveurs de casse-croûte. Nids de bactéries. L'Algérie toute entière mange désormais n'importe quoi et téléphone n'importe où.
Ça fait cataplasme pour les meurtrissures d'âme. Le chemin vers l'oubli.
Nous sommes de passage, nous allons vers la mer. Nous traversons les plaines de Oued Rhiou, ces étendues qui, jadis, nourrissaient l'Algérie. Ici, il y avait de l'eau et... des rizières ! C'était l'Asie en Afrique ! L'odeur de la mer arrive juste à temps pour nous faire oublier la couleur du néant. Le vert des prairies, l'ocre des montagnes, le noir des âmes, le crissement des charrettes, la misère, tout renvoie au passé. Tout interroge le futur. Nous sommes tentés par le rire, nous étranglons des sanglots à la vue de ces enfants nu-pieds en quête de bouchées d'aliments. Enfants épargnés par le terrorisme islamiste. Enfants vivant dans “le bénéfice”. Affamés à deux pas de la mer, d'une manne inestimable : le poisson. Ils n'en ont jamais vu ou rarement. Ils sont nés au milieu de la luzerne, de la jachère abondante et d'arbres fruitiers irrémédiablement malades.
Sur les bords de leurs terres, il y avait, il y a bien longtemps, des canaux d'irrigation aujourd'hui taris. Comme leurs espérances. Nous avançons vers la grande bleue. Mostaganem. La mer commence à montrer ses yeux. Ils sont indescriptibles. Bleus ? Verts ? Gris ? Jaunes ? Ils ressemblent à ce qu'un cœur seul peut porter : de la détresse, de la lumière, de la joie... toutes choses que la main ne sait pas retenir.
Mosta, ici a grandi le théâtre amateur, ont été dénoncés les simulacres joués par ce pays. Mostaganem est une ville qui a fait deux pas en avant, chaque fois ses cités aînées, Alger et Oran notamment, en ont fait deux en arrière. Mosta est une ville propre. Ses plages sont belles. Elle n'a pourtant pas échappé au piège architectural des maquignons. Beaucoup d'immeubles y ont poussé. Laids. L'ensemble a donné naissance à un gros bourg qui se respecte. Sans plus. Ce qui y frappe c'est la propreté. Ce qui y déprime, c'est l'austérité. Les hôtels “trois” ou “quatre” étoiles sur l'échelle de la médiocrité y fleurissent comme la lavande sauvage qui pousse dans les environs.
À coup de 4 000 DA la nuit, on a droit à des draps approximatifs, un crème et des tas d'autres breuvages rébarbatifs. Jamais un Pastis, le rêve au bord de l'eau… L'Algérie a peur du tourisme. Les sbires de Benhadj et Madani sont passés par là.
Mosta et la mer s'offrent. Nous sommes là pour parler avec les pêcheurs. Avant de les atteindre, une escale sécuritaire s'impose chez les policiers de la PAF. Accueil mitigé d'abord, puis franchement chaleureux. Rachid, le raïs du Sidna Nouh, un chalutier flambant neuf, nous reçoit à bord, bras ouverts. Il est fier du bateau acquis par la famille, au mois de mars 2005, pour un prix avoisinant les 6,5 milliards de centimes. Le bateau est au top, bourré d'électronique. Il a fallu qu'il se recycle pour pouvoir le maîtriser et l'entretenir. Sondeur, sonar, radar, chaîne audio, télévision, lecteur DVD… il y a là tout pour passer d'agréables vacances mais, sur le Sidna Nouh, on travaille, on trime dur, souvent de nuit. “Quand la mer est déchaînée, ce n'est pas évident.”
Il y a un peu de houle. Ça berce. Mais, là, on est au port. Le Hoggar, mastodonte d'Algérie-Ferries est à quai, à l'agonie. On nous apprend, dans l'enceinte du port, qu'il serait à vendre. Rachid nous apprend que son chalutier ne prendrait la mer que le lendemain, vendredi, après l'heure de la prière. Comme les temps ont changé, la réputation des marins pochards est ici battue en brèche : l'alcool est banni à bord. Même les jours d'extrême froid. Les mauvaises langues disent que c'est parce que la tutelle est aux mains du MSP depuis longtemps que tous les nouveaux armateurs sont quasiment très religieux. L'affirmation est invérifiable. Le pont du Sidna Nouh ressemble à une terrasse. “On y vient quand on est dégoûté”, lâche un des marins. À bord, les commodités ne manquent pas. La cuisine, très conviviale, totalement équipée, est éclatante de propreté.
La négligence est défendue. Jamais une saleté ne traîne. Le bateau “subventionné” par le ministère et la BADR (les crédits peuvent atteindre 90% du prix) a coûté trop cher… Il a été construit à Tuzla, en Turquie. D'autres viennent d'Espagne. Au menu, ce soir, il y aura un peu de vent frais, du rouget, de la sardine et de la saourène. Le raïs ne dormira pratiquement pas de la nuit, il nous accompagne dans notre quête d'inconnu, de songe. Il parle du métier. Imprudent, il va jusqu'à avouer qu'il lui arrivait de pêcher à l'explosif. “La pêche, c'est très aléatoire. On peut rentrer, après une campagne d'une demie heure, avec 250 casiers de sardines, comme on peut rentrer bredouille après toute une nuit de galère”, raconte Rachid.
Il poursuit : “On gagne bien notre vie mais on a aussi beaucoup de dépenses. L'entretien d'un bateau revient cher. Imaginez-vous qu'un filet comme le nôtre coûte à lui seul 700 000 DA. Il y a aussi les voleurs qui, dans l'enceinte même du port, s'amusent régulièrement à nous piquer les flotteurs. Si on n'y prend pas garde, c'est tout l'équipement électronique qui se volatilise d'une minute à l'autre.”
Nous désirons très fort sortir en mer avec nos hôtes. Les gardes-côtes locaux réfrènent nos ardeurs à la tombée de la nuit. On ne peut pas obtenir l'autorisation avant samedi. On quitte Mosta pour relancer quelques jours plus tard les responsables du même corps à Alger. On nous ouvre toutes les portes. Bravo ! On rempile avec les pêcheurs. Cette fois, nous sommes à Bouharoun, dans la wilaya de Tipasa. Le port est coquet quoi qu'un peu chaotique. Sale. Les restaurants qui bordent le bassin ont fière allure. Ils servent de l'excellent poisson à peine sorti des cales. Agréable. On se rend à la rencontre de hadj Zopap, qu'on nous a présenté comme le propriétaire du Sidi Slimane, un sardinier tout neuf de 25 m. Il est amène, sympa. Il veut surtout savoir pour quel journal on travaille. “Liberté”. C'est bon, on a le quitus et l'autorisation des gardes-côtes.
À 20 heures, comme prévu, le bateau s'emballe. Les 22 marins qui composent l'équipage, pistés par notre photographe, courent dans tous les sens. C'est qu'il y a du boulot à bord d'un bateau qui s'apprête à sortir en mer.
Le Sidi Slimane est un bateau construit en Espagne et acheté grâce à la subvention ministérielle et le crédit de la BADR, à l'instar du Nouh. Il est en activité depuis deux ans et progressivement, avec ses capacités productives exceptionnelles, son coup s'amortit. “Les bons jours, nous dit Hassan, son raïs (le capitaine), on fait jusqu'à 1 000 casiers de 17 kg de sardines. Le prix d'un casier est très fluctuant, il va de 80 à 150 DA, selon la pêche et la demande.”
L'équipage est tout excité à l'idée d'être en présence d'un journaliste. Pendant que les uns remontent les cordages et les filets, empilent les caisses, d'autres nous assaillent. Ils questionnent, ils répondent, ils râlent, tentent de se mettre d'accord, de nous mettre d'accord.
“Le ministère vous a dit qu'il accordait des subventions aux marins ? Faux. Ils en donnent aux parents, aux amis et aux pourvoyeurs de tchipa (pots-de-vin). Nous avons des preuves. Nous connaissons tous les gens qui ont bénéficié des largesses ministérielles. Pour les crédits bancaires, c'est encore pire. Le banquier sollicité te dira : je te donne 6 milliards, tu m'en redonne un sous la table.” Ali, le chef mécanicien, qui se définit comme électrotechnicien, navigateur, patron côtier, est presque hors de lui lorsqu'on évoque les aides de l'Etat. “Avec mes qualifications, ne suis-je pas éligible aux subventions ? J'ai déposé à trois reprises un dossier pour l'acquisition d'un bateau. C'est resté lettre morte.” Les marins ne mâchent pas leurs mots.
“On nous traite comme si nous étions des extra-terrestres. Le marin manque de tout. On n'a aucun avantage social, on n'a pas de sécurité sociale. On ne nous attribue jamais de logement parce que, pour les décideurs, un marin, ça ne vit pas sur terre. Les congés, on connaît pas, sinon lorsque le mauvais temps nous oblige à débarquer. On est alors dépourvu de rémunération. Nous ne sommes payés que lorsqu'on pêche, au prorata des quantités qu'on fait entrer au port. Un mois, on peut gagner 150 000 DA et plusieurs autres zéro centimes. Vous allez rire, mais pour le logement, par exemple, il faut que vous sachiez que l'AADL, qui nous considère comme des travailleurs précaires, n'accepte pas nos dossiers !” Le plus grave, raconte l'équipage du Sidi Slimane, c'est qu'en l'absence d'un syndicat, le marin qui râle trop est débarqué avant d'être grillé auprès de tous les autres armateurs. “On lui enlève son fascicule et on le retrouve attablé, face à un moitié-moitié, toute la journée à ruminer sur un avenir piétiné par des despotes associés.” Mohamed Amine a 17 ans.
Il embarque aussi. On s'étonne. Hassen explique : “Il est de la famille, il est en 7e AF. Quand il n'a pas école, il sort avec nous, il apprend le métier. Il aime.” Mohamed Amine : “Ma vie, je la vois en marin.” C'est stupéfiant de voir comment le tout petit remorqueur, qui tire le bateau hors du port, arrive à faire bouger une masse aussi imposante que celle du Sidi Slimane.
En attendant d'atteindre la zone de pêche, c'est l'accalmie. Quelques marins s'allongent sur des matelas, posés à même les bacs qui vont recevoir la sardine tout à l'heure. D'autres restent au chaud à l'abri de la cuisine. Au menu, de la sardine, bien sûr, et une tumultueuse partie de dominos. C'est l'heure des éclats de rire. Le repos des guerriers. Hassen le raïs est aux aguets dans sa cabine de pilotage. Le bateau avance tout seul maintenant poussé par les courants. Il a l'œil rivé à l'écran du sondeur. Les taches rouges et bleues qui s'y impriment indiquent la présence de la sardine et l'importance du banc. Loin devant, deux chaloupes rattachées au Sidi Slimane s'activent. L'une, dotée de deux puissants projecteurs, est chargée de “rameuter” le poisson, l'autre se chargera d'aider à caler le filet une fois la zone de pêche atteinte. Les dominos sur un sardinier tanguant, quelle jouissance ! La mer renvoie ses senteurs… On navigue à 10 nœuds marin (environ 18km/h).
Cap 270 Ouest. La mer est tranquille. Au bout de trois heures environ, on marque un premier arrêt. On sonde. Fausse alerte. On redémarre. Les yeux de Hamza, un adolescent de 17 ans, brillent dans la nuit. Maâmar, un gros farceur, déclame des poèmes. Il perturbe Khaled concentré sur sa main au domino. Hassan a l'œil sur tout. Surtout sur les marsouins qui “bouffent” les filets. Il faut les éviter à tout prix. Il repère un premier banc. “C'est de la latcha”, il préfère aller de l'avant. On est déjà à environ 30 km des côtes, au large de Cherchell. “Ça y est, s'exclame Hassan, en montrant l'écran. Ça, c'est de la sardine”. Arrêt. On remonte le “fas” (l'ancre) de la barque-lumière. On envoie les filets de 600 m de large par dessus bord. Ils descendent jusqu'à 60 m, parfois plus. À peine une demie-heure plus tard, et une fois le cercle bien formé grâce aux efforts du marin juché sur sa chaloupe, la remontée peut commencer. Un véritable ballet se met alors en branle avec pour chorégraphe Hassen qui s'égosille : “Tirez sur le liège ! Tirez le filet en arrière !” Les filets, véritables tentures de théâtre, s'élèvent vers les cieux. Le poisson, chapelet d'argent étincelant, sautille.
Certains échappent au piège. Ils survivront quelques jours encore. Du haut de la poulie qui tire les filets, de l'eau tombe en cascade sur les marins affairés. Ils ne tressaillent même pas tellement ils sont concentrés sur leur tâche. Ils dansent. L'odeur de l'iode flotte. Un cafard passe sur le pont supérieur. D'où vient-il ? Les filets sont à présent remontés, la sardine est là, sautillante. On la ramasse à la coupe (une grosse nacelle) qu'on déverse dans les bacs. Tout va très vite. Les casiers sont aussitôt remplis et empilés. Avec la première prise, on en remplit deux centaines environ. Chérif, le cuisinier, fait déjà ses emplettes. Il se met tout de suite au travail. Ce soir, personne ne dormira. Autant préparer du café. Une autre séance de pêche est prévue un peu plus loin après le remplissage des caisses. Hassen reste vigilant mais cool. On voit qu'il connaît la chanson. Il a l'œil sur chaque bras, chaque geste.
Le filet s'est entremêlé dans les cordages.
Il faut quelqu'un pour aller démêler l'écheveau. L'entreprise est périlleuse. Le volontaire peut, en effet, tomber à l'eau. “Ça n'est jamais arrivé”, rassure Hassen. Le premier quart commence à minuit et se termine à 1h30. Résultat de la récolte, 204 caisses de sardines pesant chacune 17 kg. Le deuxième quart se terminera vers 3h30. “En hiver, on en fait jusqu'à 5, 6 dans la nuit. C'est extrêmement pénible.” La pêche est un véritable travail de forçat, mais qui procure des sensations uniques. Jamais un marin n'échangerait sa jouissive galère contre un poste dans une chaîne d'usine. Nous rentrons au port au petit matin. Il est presque 5 h. Il y a foule sur le quai. Les camionnettes et les camions frigos viennent de partout. “Celui-là a réservé 100 caisses, il est de Boufarik mais la marchandise, il va l'emporter vers l'Est : Sétif, Constantine…”, commente le raïs. Le rôle de Hassen est fini, son frère Maâmar prend le relais sur le quai. Il dirige en professionnel les enchères. Il a le stylo alerte et l'oreille aux aguets. Au bout d'une demie-heure, tout est fini. La prise du jour, soit quelque 6 300 kg, s'est vendue au tarif de 800 DA la caisse, environ 50 DA le kilo.
La ménagère le paiera beaucoup plus cher. Elle se consolera avec cette vérité scientifique que nous a assénée Chérif Abbas, conseiller du ministre de la Pêche : “Un kilo de sardines équivaut en valeur nutritive à 4 kg de steak.” Rideau.
Moules et huÎtres
Une ferme à Surcouf
Youcef Khodja ressemble à la mer. Il en a les plissures et l'odeur. Il émane de son corps tanné l'idée du partir. Enfant de surcouf, il est né un pied dans le sel. l'eau. Déjà, la morve amarrée au nez, il péchait la langouste — Ah, Dieu, ça existait ! — sur un arabis, un petit métier. En 1985, alors que la pêche était sinistrée, en précurseur, il s'est mis à faire de l'aquaculture. À parier. Il s'est mis à la moule sans filins. Sans filets. il arrivait à cultiver, tout de même, cinq à six tonnes de ces fruits marins par année. Son objectif, aujourd'hui qu'il a créé Orca-Marine grâce aux aides de l'Etat — ministère de la pêche et la BADR, notamment — est de 50 tonnes de moules et d'huîtres l'an. Toutes ses prises n'atterriront malheureusement que sur les tables des hôteliers. Il n'a aucune chance, et il en est désolé, avec ses moyens coûteux mais dérisoires d'inonder les marchés de détail. “Les algériens, dit-il, ont oublié le goût des moules et de toutes autres sortes de coquillages.” Il y avait à l'époque les “clovis”, de petites pétoncles qu'on offrait en kémia (le beau vocable !). Les algériens connaissent ce que recèlent leurs rochers, “ce n'est pas méconnu une moule, mais ce n'est pas vulgarisé”. Youcef, le marin, a presque la larme à l'œil. La marine. Où sont les marinas ?“On a souvent parlé du vivier de Sidi Fredj qu'auraient entretenu les colons…” “faux !” Assène M. Khodja : “ici, il n'y a jamais eu que du ramassage sauvage, des coquillages décollés manuellement des rochers.” Il poursuit le mot, la mer : “je ne peux pas satisfaire la demande mais le peu que je fais, je veux le faire bien. Je veux offrir un produit sanitairement sécurisé.” Khodja envisage à court terme de diversifier sa production. “bientôt, dit-il, je me lancerai dans la culture de la coquille Saint-Jacques et de la pétoncle à Decca-Plage.” pourtant, les embûches ne manquent pas, la principale étant due à la défaillance du circuit de distribution. Orca-Marine est, en effet, peu connue des hôteliers et restaurateurs et les investissements lourds, deux milliards de centimes consentis conjointement par le ministère de la pêche et la BADR, et environ autant d'apport personnel, tardent à être amortis. “En 2004, j'ai difficilement atteint les 10 tonnes de moules. je pourrais en produire plus très vite mais, pour cela, il faudrait que le canal de communication entre moi et le marché soit débouché.” Concernant les huîtres qu'il peut mettre à la disposition de la clientèle professionnelle en toute saison, elles culminent, pour l'instant, à 5 tonnes/an. Ses principaux acheteurs sont, pour l'heure, les restaurants de La Madrague, principalement La Marine, et le restaurant de Bouchaoui. Pour exercer son métier, il a fallu à Youcef Khodja naître dans l'eau et acquérir une sacrée expérience, dont celle de plongeur. À cela, il a fallu ajouter du matériel très coûteux tel une barge d'ostréiculture, un zodiac, du matériel de plongée, des kilomètres de filins, où sont élevés ses fruits de mer, filets qui descendent à six mètres sous la mer. Il a fallu aussi de la créativité. Ainsi, a-t-il inventé une soucoupe ballastable qui va fouiller la mer jusqu'à moins de 20 m. À cinq personnes sur l'exploitation, ils sont à pied d'œuvre dès 5h du matin. “Si vous vous pointez à l'aube, vous ne me reconnaîtriez pas.” La dureté de leur labeur a tendance à défigurer les marins… Est-ce que tout le monde peut prendre la gestion d'une ferme aquacole ? M. Khodja est catégorique : “pour exercer ce métier, il faut indiscutablement être un enfant de la mer. Il en est, ainsi, partout dans le monde. J'ai d'ailleurs travaillé dans quelques bassins en France. Je leur ai appris des choses…” La ferme de M. Khodja n'est véritablement passée en production qu'en juillet 2005. Pour l'heure, elle n'a dégagé aucun bénéfice. Il a les huîtres, pas encore les perles. Le rêve de Youcef Khodja, c'est qu'avec ses fils, ingénieurs, il arrive à mettre sur pied un vrai service marketing pour qu'enfin il puisse faire croire aux algériens que leur mer donne bien des moules (250 DA le litre (ou kg) et des huîtres à 650 da le kg).
M. O.


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