Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a présidé hier un Conseil des ministres au cours duquel de nombreux projets ont été avalisés. Le plus édifiant est sans doute l'adoption de décrets présidentiels portant un nouveau découpage administratif. Quarante-quatre wilayas déléguées sont créées dans les Hauts-Plateaux et dix villes de moyenne taille, toutes situées dans la région du Grand-Sud, sont érigées au rang de wilayas. Bordj-Badji-Mokhtar, In-Salah, In-Guezzam, Djanet, El-Maghaïr, Touggourt, Beni-Abbès, Timimoune, El-Ménéa et Ould-Djellal rallongent, ainsi, la liste des wilayas de 48 à 58. Le projet n'est guère innovant. Il a constitué l'un des axes fondamentaux de la campagne électorale animée en 2014 par l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, pour le compte d'un quatrième mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika. La réflexion sur une carte administrative élargie à une soixantaine de wilayas a été engagée au lendemain des élections législatives de 2012. Sa mise à exécution a, néanmoins, été maintes fois différée, à cause, en apparence, des retards mis dans la finalisation du Plan d'aménagement du territoire. Il est curieux qu'un gouvernement de gestion des affaires courantes remette ce dossier, en dormance dans les tiroirs depuis au moins quatre ans (on n'en a plus parlé depuis 2015), à l'ordre du jour quinze jours avant l'élection présidentielle. Relancer un tel projet en pleine campagne électorale pour une présidentielle problématique ne manquera pas de laisser voir une tentative de convaincre les électeurs plutôt récalcitants à se rendre aux urnes le 12 décembre prochain. D'autant que les cinq prétendants à la magistrature suprême ont programmé plusieurs déplacements dans les villes du Sud. L'accueil hostile que leur ont réservé les populations de cette partie du pays montre que les calculs électoralistes et des candidats et du gouvernement sont faussés, eu égard à l'engagement des habitants du Sud dans le mouvement populaire. Par ailleurs, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a profité de la tribune que lui offrait le Conseil des ministres pour fustiger, sans citer aucunement le Parlement européen, les parties étrangères qui cherchent à s'ingérer dans les affaires internes du pays. Il a affirmé que l'Etat refuse catégoriquement "toute interférence étrangère, quelles que soient les velléités et même si c'est sous le couvert de la défense des droits de l'Homme". Il a, en outre, répliqué au ministre français des Affaires étrangères, sans le nommer non plus, en affirmant que l'Etat algérien a "préservé le caractère pacifique des manifestations citoyennes".