Des émissaires iraniens et libanais ont été dépêchés hier à Bagdad pour s'assurer d'une succession au gouvernement démissionnaire qui servirait les intérêts de Téhéran et de ses alliés régionaux, alors que les Irakiens réclament toujours, en dépit des centaines de morts, la chute du pouvoir tout entier. Avant même que le Parlement n'accepte formellement dimanche la démission du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, les partis – de nouveau conspués dans la rue mardi avec l'Iran – ont commencé à discuter de son successeur. Comme à chaque événement majeur en Irak, une figure tutélaire a refait son apparition : le puissant général Qassem Soleimani, émissaire de Téhéran pour les affaires irakiennes. Et pour l'aider à préserver les acquis politiques de l'Iran – qui depuis des décennies tisse ses réseaux en Irak –, il a désormais un aide de camp de poids, le dignitaire chiite Mohammed Kaoutharani, en charge du dossier irakien au sein du Hezbollah libanais et lui aussi dépêché à Bagdad, indique une source proche du pouvoir. "Le général Soleimani est à Bagdad pour pousser pour un candidat en remplacement de Abdel Mahdi", explique cette source sous le couvert de l'anonymat. "Le cheikh Kaoutharani joue également un grand rôle pour convaincre les partis chiites et sunnites d'accepter cette personnalité" que la source a refusé de nommer, alors que depuis plusieurs jours, de nombreux noms circulent dans les cercles politiques, faisant l'unanimité contre eux dans la rue. Les négociations sont "très difficiles", affirme une source gouvernementale, et le gouvernement démissionnaire en charge des affaires courantes doit pendant ce temps gérer de nombreux dossiers toujours en suspens en Irak, comme "le budget" en discussion au Parlement, "les sanctions" américaines qui visent l'Iran mais également des personnalités irakiennes et "les manifestants tués". Parallèlement, les manifestations se poursuivent sur fond de violences meurtrières qui ont fait plus de 410 morts et des milliers de blessés, sans compter le nombre d'arrestations et d'enlèvements dans les milieux des militants politiques et des droits de l'homme.