Des centaines de manifestants se sont rassemblés, hier, dans la province irakienne de Nadjaf, située à environ 160 km au sud de Bagdad, en soutien à des syndicats et des associations professionnelles de la région ayant observé un sit-in dans la matinée d'hier. Selon des médias locaux, les écoles de cette ville ainsi que des institutions gouvernementales ont fermé leurs portes poursuivant ainsi leur mouvement de grève illimitée. Depuis le début du mouvement populaire inédit, le 1er octobre dernier, plus de 320 manifestants ont été tués, la plupart par balles réelles. Des vagues d'arrestation massives ont été menées par les forces de l'ordre, parfois dans des conditions obscures, comme dénoncé par des ONG de défense des droits de l'homme à l'instar d'Amnesty International. Le mouvement de contestation dirigé contre la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence, n'a pas épargné ces derniers jours le voisin iranien, montré du doigt par les manifestants. Ces derniers accusent Téhéran d'ingérence dans les affaires de leur pays. Lundi, des centaines de documents des renseignements iraniens ont fuité, révélant la "vaste influence" de l'Iran en Irak. Le quotidien américain New York Times et le site d'investigation en ligne The Intercept ont affirmé avoir examiné quelque 700 pages de rapports écrits majoritairement en 2014 et 2015 par le ministère iranien des Renseignements et envoyés par une source anonyme à The Intercept. La source a indiqué vouloir "montrer au monde ce que l'Iran fait dans (son) pays, l'Irak". Les documents soulignent le "rôle unique du général (Qassem) Soleimani", en référence au chef de la force Al-Qods des gardiens de la Révolution, l'armée idéologique d'Iran, chargée des opérations extérieures. Ce général se rend régulièrement en Irak, où il a ces dernières semaines présidé des réunions à Bagdad et Najaf, au sud, pour convaincre les partis politiques de soutenir le Premier ministre Adel Abdel Mahdi dont la rue réclame le départ, ont indiqué des sources politiques à des médias.