Face à l'impatience des Tunisiens et à un délai très réduit, le Premier ministre désigné, qui se trouve de plus en plus isolé, continue de se montrer optimiste. Deux autres partis politiques ont rejeté l'idée d'une participation au futur gouvernement du Premier ministre désigné, Habib Jemli, qui devrait annoncer la liste de son équipe durant la semaine, ont rapporté les médias tunisiens. Il s'agit du Mouvement du Peuple et du Courant démocratique (Atteyar), qui ont annoncé respectivement jeudi et hier leur non-participation au futur exécutif, rejoignant ainsi le camp de l'opposition avec l'autre parti Tahya Tounès. Hier en fin de matinée, le secrétaire général d'Atteyar, Mohamed Abbou, a expliqué la décision de son parti pour "la différence de visions" avec M. Jemli quant à l'avenir de la Tunisie, lors d'un point de presse. Il y a "une crise de confiance et une atmosphère politique qui détruira la Tunisie", a-t-il encore insisté, affirmant que "cette décision est définitive". M. Abbou révèle qu'Ennahdha et d'autres partis ont refusé que le Courant démocratique récupère le portefeuille de la Justice, condition sine qua none pour participer au gouvernement de Habib Jemli qui avait "auparavant accepté cette proposition". C'est Ennahdha, parti victorieux aux dernières législatives d'octobre, qui a désingé M. Jemli comme Premier ministre comme le stipule la Constitution tunisienne. Le mouvement dirigé par Rached Ghannouchi, élu président du Parlement tunisien, est accusé d'être derrière l'assassinat en 2013 des deux militants politiques Belaïd Chokri et de Mohamed Brahimi. Ce qui pourrait expliquer le refus d'Ennahdha que le ministère de la Justice soit dirigé par une personnalité ou un parti pouvant reprendre ce dossier brûlant et d'autres dossiers liés à l'implication du mouvement islamiste dans des affaires de terrorisme et de corruption. Ennahdha ne tient pas non plus à ce que le ministère de l'Intérieur tombe entre les mains d'une partie "hostile". Selon M. Abbou, le département de l'Intérieur est "une ligne rouge pour Ennahdha". Quant au Mouvement populaire, il motive son refus par le fait que "l'approche pour la formation du gouvernement est une poursuite de l'échec. Ceci engendrera le même résultat obtenu par les gouvernements précédents qui se sont relayés après la révolution". Dans un communiqué rendu public jeudi, le parti affirme ne pas intégrer le prochain gouvernement pour ne pas "participer à l'aggravation de la crise économique et sociale". Le parti affirme également refuser aussi que la souveraineté soit influencée par des parties étrangères, a rapporté Mosaïque FM, sans d'autres détails. Dans un entretien audio à Tunisie Numérique, le député du parti, Abderrazed Aouidet a affirmé que le Premier ministre désigné n'a pas répondu à leur correspondance concernant leur condition pour intégrer le futur exécutif. Selon toujours M. Aouidet, "la méthode utilisée pour la formation du gouvernement par le chef du gouvernement désigné se focalise sur la répartition des portefeuilles ministériels et non pas sur la mise en place d'une feuille de route pour résoudre les problèmes du pays", ce qui "entraînera le gouvernement à l'échec", a rapporté encore la même source.