La nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP) tunisienne prendra ses fonctions dès aujourd'hui. Les nouveaux députés prêteront serment avant de pouvoir choisir le futur président de cette deuxième Assemblée aux voix éparpillée pour espérer une cohabitation facile durant ce nouveau mandat. Alors que la première force politique en Tunisie, Ennahdha, a proposé son chef Rached Ghannouchi pour la présidence de l'ARP, le parti rival Qalb Tounès (Cœur de Tunisie) de Nabil Karoui, arrivé deuxième aux législatives d'octobre, a opté pour Ridha Charfeddine, qui dirigeait le club de football Etoile sportive du Sahel. Le mouvement Atteyar (Courant démocrate) devrait proposer aussi son propre candidat à la présidence de l'ARP. Ce parti veut constituer avec le mouvement Al-Chaâb une coalition parlementaire de 36 députés et a déjà affirmé qu'il ne fera pas partie du futur gouvernement que le parti islamiste Ennahdha devra former. La direction d'Atteyar a estimé qu'elle ne peut soutenir la candidature de Rached Ghannouchi, dont le parti continue de négocier des alliances et un compromis avec les partis hostiles à toute coalition avec le mouvement islamiste qui ne veut pas céder le poste de Premier ministre dans le prochain gouvernement. Certes, la Constitution tunisienne lui donne le droit de diriger le gouvernement, mais en l'absence d'une majorité des votes au Parlement, la formation de l'Exécutif pourrait ne pas se faire. Ennahdha doit disposer de 109 voix sur les 217 au total à l'ARP pour pouvoir former son gouvernement. Une mission qui, pour le moment, est compromise. Le parti de Ghannouchi devrait aussi annoncer son choix concernant le nom du futur Premier ministre avant dimanche. Mais d'ores et déjà, il écarte l'option d'un Premier ministre indépendant et d'un gouvernement de technocrates, comme l'ont exigé de nombreux partis et personnalités politiques, ainsi qu'une partie des Tunisiens qui souffrent de la crise socioéconomique que vit le pays ces dernières années. Abdellatif Mekki, dirigeant au sein de mouvement Ennahdha, a démenti en effet l'éventuelle désignation de l'ancien ministre Mustapha Ben Jaafer comme futur Premier ministre, dans une déclaration à la radio tunisienne privée Mosaïque FM.