Plusieurs actions de protestation sont également annoncées pour les prochains jours dans la wilaya où le vote est déjà compromis. L'appel à la grève générale du 8 au 12 décembre, lancé par le mouvement populaire du 22 février, a été largement suivi, hier dimanche, dans plusieurs communes de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj et surtout en Petite-Kabylie, paralysant administrations, entreprises et commerces. À Djaâfra, à El-Colla, à El-Maïn, à Teffreg, à Ouled Sidi Brahim…, les commerçants ont cessé le travail, les établissements scolaires étaient fermés, ainsi que tous les autres services, hormis les urgences. La grève, destinée à rejeter la feuille de route du pouvoir et l'élection du 12 décembre, devait se poursuivre et prendre d'autres formes. Dans la commune d'El-Maïn, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Bordj Bou-Arréridj, les habitants des huit villages ont, outre la grève générale, organisé une marche et saccagé des urnes. Ils ont aussi soudé le siège de l'APC et les centres de vote en scandant les habituels slogans des marches des vendredis et mardis tels que "Pas de vote à El-Maïn", "Ulac l'vot, ulac", "Etat civil et non pas militaire", "Pas de vote avec le gang", "Wallah ma n'voti" et "H'na ouled Amirouche, lellor manwellouch" (Nous, enfants d'Amirouche, nous ne reculerons pas). Dans la commune d'El-Colla, à une trentaine de kilomètres au nord de Bordj Bou-Arréridj, toute la population a répondu à l'appel à la grève générale et à la protestation. Tout était fermé. Ni transport, ni magasin, ni école, toute la population était dehors. Dans certains commerces, le pain était gratuit à l'occasion de cette grève. Les habitants qui ont procédé à la fermeture des centres de vote, ont aussi saccagé et brûlé les urnes, comme un signe fort du refus de l'élection. "À El-Colla, il n'y aura pas de vote !", "Ulac l'vot, ulac", "Passez-nous les menottes, nous ne voterons pas", ont-ils scandé, et ce, en plus de tous les autres slogans hostiles au pouvoir que des millions d'Algériens reprennent chaque semaine à travers les wilayas du pays. Même topo dans les autres communes de la daïra de Djaâfra. Au chef-lieu de wilaya, la grève peine à s'installer pour ce premier jour. Dès les premières heures de la matinée, de jeunes activistes qui s'opposaient à une marche organisée par le pouvoir pour "dénoncer l'ingérence étrangère" ont été arrêtés par les services d'ordre. En début d'après-midi, les hirakistes ont organisé une contre-marche en empruntant le même parcours que ceux du pouvoir pour protester contre cette série d'intimidations à travers les arrestations abusives d'activistes pacifiques. Selon nos sources, les cinq jeunes arrêtés ont été libérés en début d'après-midi. Plusieurs actions de protestation sont également annoncées pour les prochains jours dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj où le vote est déjà compromis.